édito forum download contact livre d'or partenaires

 

 

 

Accueil
folklore badass
fight klüb
cinoche
téloche
musique
tribune
download
liens

Cannibal Holocaust.

 

 

            Film gore Italien mondialement culte ayant très rapidement défrayé la chronique peu de temps après sa sortie, notamment concernant les mises à mort de différents animaux durant le tournage, Cannibal Holocaust, malgré son titre sublime, est malheureusement encore aujourd’hui considéré comme étant un « film à voir », un « classique de l’horreur à l’italienne » ou encore « un film de choc indispensable pour tout amateur de gore », alors qu’il ne s’agit que d’un film de merde. Peut-être même d’un des films les plus merdiques de tous les temps. Un film d’autant plus con et inutile que, sous couvert d’un souci sans doute réel du réalisateur Ruggero Deodato de dénoncer une certaine forme de barbarie de la part des occidentaux, on sers au spectateur potentiel un film d’une médiocrité rare, et ce en de nombreux points : musique immonde, maladresse conceptuelle, longueurs inimaginables et un message vaguement social certes louable mais complètement démago, qui de toute façon est irrémédiablement noyé dans l’océan de connerie humaine déployé pour mettre ce film debout et finit par au mieux passer inaperçu, ou au pire être très mal interprété et mener à l’observation, peut être pas si exagérée que ça, que Cannibal Holocaust, en plus d’être objectivement un film de connards, est un film raciste.

 

            On va pas s’emmerder à raconter l’histoire, partant du principe que les gens qui lisent ça ont soit déjà vu le film et auront assez de mémoire pour savoir de quoi on parle, soit ne l’ont pas vu du tout et cherchent à lire quelques avis de gens éclairés sur le net avant de se lancer dans l’achat du coffret collector deux DVD sorti y’a pas très longtemps avec tout plein de bonus alléchants. Et bien pour ceux qui ne l’ont pas vu, gardez bien à l’esprit que pour la Badass Inc. (qui brille par son objectivité hors du commun quand il s’agit de briefer les innocents sur un film, un groupe, une personnalité etc.), Cannibal Holocaust est dans le top 5 des films les plus exécrables jamais pondus (en bien plus proche du 1 que du 5, pour tout dire) et qu’on ne saurait trop vous conseiller de ne pas aller claquer 30 euros dans l’achat de cette merde telle qu’elle ne mérite même pas l’affectueux dénominatif de nanard. Putain de merde, on n’est même pas sûrs de vouloir vous conseiller ne serait-ce que le regarder si vous en avez un jour l’occasion… Même si le voir reste quand même le meilleur et unique moyen d’en constater la profonde inutilité, et que tous les mots pourtant judicieusement choisis de cette critique ne sauront remplacer en aucun cas un visionnage de la chose en bonne et due forme afin de se forger sa propre opinion.

 

            Par où commencer ? C’est la question que tout esprit sain est en droit de se poser quand vient le temps de fournir une critique constructive de Cannibal Holocaust, tant il y a de mal à dire de ce film. Allez, puisque que c’est essentiellement ce qui en a fait la renommée, on va déjà parler de la mise à mort des animaux sauvages.

 

            Il faut savoir que Ruggero Deodato avait en tête de faire un film le plus réaliste possible. Ca, effectivement, on ne peut pas lui enlever, son film est tourné de manière plutôt réaliste vu le sujet (des explorateurs s’aventurant au petit bonheur la chance dans la jungle à la recherche de cannibales). La légende dit que peu de temps après sa sortie, Deodato fut convoqué chez le juge et sommé de présenter une preuve que ses acteurs étaient encore en vie tant les effets spéciaux utilisés durant leurs mises à mort respectives étaient convaincants, ce qu’il fit évidemment, remettant tout en ordre (difficile de juger de l’authenticité de cette anecdote mais sans vouloir être méchant, les gens qui ont été un tant soit peu convaincus par les effets spéciaux devaient avoir un sacré paquet de merde dans les yeux, même pour l’époque). Donc question réalisme, c’est vrai que ça va assez loin : caméra épaule, ambiance découverte et spontanéité etc. Mais peut-être justement le réalisme fut poussé un peu trop loin par certains aspects, diront certains.

Et ils auront raison. Tuer des animaux et filmer leur mise à mort, en plus d’être sale et écœurant (la scène du découpage de la tortue n’est pas spécialement agréable à regarder, en plus de durer longtemps) est, pire que tout quand ça en vient à la substance d’un film, totalement inutile. Alors oui évidemment, être choqué par des animaux morts c’est ridicule, on en mange bien nous même de la viande, allez visiter des abattoirs, gnagnagnaaa… On est bien d’accord. Mais quand la mise à mort inutile et franchement gratuite d’animaux est utilisée dans un film, visiblement dans le seul but de choquer et d’apporter une touche de réalisme, et qu’en plus ce même film est parmi les plus profondément mauvais jamais tourné, on est en droit de se dire que la mort de ces animaux n’est « choquante » uniquement que parce qu’elle relève du gâchis le plus complet. La réaction viscérale que Deodato et ses compères cherchaient sans doute à susciter chez le spectateur doit se rapprocher de quelque chose dans le style de « oh beurk, regardez comme c’est dégueulasse, c’est vraiment le réalisme poussé à outrance, mon Dieu quel film extrême ! » alors que chez le visionneur normal, la seule réaction envisageable serait plutôt « mais quel film de connard. A oublier. Vite. ». Déployer autant d’efforts pour rendre intéressant un film dès le départ miné par l’incompétence du réalisateur et toutes les autres faiblesses qui rendent le tout plus que mauvais (le fait qu’il soit Italien notamment) relève de l’acharnement pur et simple, et ce sont des animaux sauvages qui en payent le prix surestimé sous l’œil avide d’un réalisateur de merde (qui, nous le rappelons, a pondu l’intolérable Barbarians quelques années plus tard).

             Voilà en ce qui concerne les animaux.

Mais bien plus grave et bien plus révélateur quand au fait que Cannibal Holocaust est un authentique film de connards mal baisés, mis sur pied par des tâches humaines complètement incapables et misérables, il y a la façon pire que maladroite dont sont traités les deux sujets principaux du métrage : le cannibalisme en tant que coutume inhérente à certaines communautés tribales (utilisé ici comme un élément horrifique), et la tentative de véhiculer un message philosophique se réclamant de Montaigne, avec pour vague conclusion totalement bâclée « ah ouais, peut-être qu’en fait les monstres c’est pas les indiens culs-terreux, violents et primitifs de l’Amazonie, mais bien nous, les Blancs (mais comme on s’en rend un peu compte quand même, on peut être considérés comme étant moins cons et irrécupérables que les bouffeurs du moules avec des coupes au bol et des dents cariées de l’hémisphère sud) ».

             Tout d’abord, il y a la façon dégradante et erronée dont sont présentés les indiens cannibales par Deodato. Car d’un côté, on clame que Cannibal Holocaust n’est pas à considérer à proprement parler comme un Film d’Horreur, mais bien comme un film le plus réaliste possible sur les tribulations d’une poignée d’enculés en forêt tropicale, qui finissent par se faire bouffer le cul par une tribu en colère. De l’autre, on nous présente les indiens cannibales de manière tout à fait Cliché (avec l’accent français), c'est-à-dire objectivement bêtes, sauvages, maculés de boue, se jetant avidement sur des cadavres qu’ils dévorent crus, à même la chaire, marchant limite à quatre pattes et poussant des cris d’abrutis à tout bout de champ, se prosternant devant l’Homme Blanc avec des Fusils et Qui Se Tient Droit Quand Il Marche, bref des sauvages bien untermenschiens dont on ne peut résolument pas pleurer l’extermination en masse si jamais celle-ci venait à survenir un jour, parce que bon, quand on est aussi limités, autant cesser d’exister et mettre fin à cette terrible souffrance que doit leur causer quotidiennement le fait de ne pas être des Occidentaux (race dominé par les Italiens, comme chacun sait.). On se retrouve donc face à des monstres typiques de cinéma d’horreur : inhumains et dangereux. Comment donc ne pas subir ces indiens avec haine, vu que ce sont les méchants mangeurs de chaire ? En tout cas, ce n’est certainement pas avec la pitoyable punch-line de pré-générique de fin dans le style « et si finalement les monstres, c’était nous ? » que Deodato rattrapera son énorme gaffe, peut être la plus grosse qu’on puisse lui reprocher, à savoir son manque flagrant de constance, et très possiblement, ce qui expliquerai bien des choses, sa bêtise congénitale (le type a quand même réalisé Barbarians quelques années plus tard, ne l’oubliez pas…). Bien entendu, pour éviter d’enfoncer encore plus notre bon ami Ruggero dans cette mare de merde qu’il s’est remplie lui-même, on ne mentionnera même pas le fait que le cannibalisme est certes une pratique réelle et effective chez certaines tribus d’Amazonie et d’ailleurs, mais qui relève essentiellement de la croyance et de la pratique religieuse. Les cannibales ne se jettent pas à quinze sur une femme pour la violer dans la boue, lui fracasser le crâne avec une pierre, lui défoncer la chatte avec une sculpture en forme de bite et lui ouvrir le bide pour lui sucer les tripes sans même les faire cuire. Hors, c’est comme ça que nos ennemis cannibales fonctionnent dans Cannibal Holocaust, qui se veut un film réaliste sur le sujet. Intéressant comme degré de connerie.

             Ensuite, comme si notre connard n°1 de Ruggero commençait à se rendre compte que son film, en plus d’être une des plus grosses daubes jamais filmées, était philosophiquement et éthiquement douteux, il en rajoute une couche en nous faisant bien comprendre que, ho, hé, les blancs du film sont quand même très méchants eux aussi, faut pas l’oublier. Oui, c’est vrai que les personnages principaux de ce film sont monstrueux. Ce sont eux qui tuent les animaux, eux qui violent les autochtones, eux qui brûlent leur village, bref, eux qui font honte à l’Occident et qui finalement s’ils se font défoncer à la fin par la tribu d’indiens cannibales caricaturaux, ils l’ont quand même bien cherché. Cette fois-ci l’inconstance du message bat des records. On avait déjà les indiens présentés de manière foncièrement raciste et insultante, raison qui justifie à elle seule le fait que ce film soit considéré objectivement mauvais, dans tous les sens qu’implique ce mot, puis à cette monstruosité vient se greffer le message contraire : « Finalement, les méchants c’est nous ». Alors là, on dit bravo. Une resucée de messages de tolérance et d’altérité prônés par des gens comme Montaigne et Diderot, mais pas judicieusement du tout couplé avec une vision raciste, réductrice mal assumée des indiens cannibales (« mais non Cannibal Holocaust est pas un film d’horreur, c’est un film réaliste ! »), dans toute l’histoire du cinéma, on a sans doute jamais fait aussi fort.

             Pour conclure de manière concise, ce film est à chier. Le considérer comme culte et « à voir » est révélateur d’un gros degré de connerie de la part de l’amateur, et rien d’autre. Si c’est pour regarder des films d’horreur Italiens, autant aller taper dans le bon et l’honorable (ou en tout cas le drôle, mais toujours un minimum intéressant et talentueux) avec Mario Bava, Dario Argento ou Lucio Fulci. Mais par pitié, qu’on oublie Ruggero Deodato et les films de cannibales que son étron sur pellicule a malheureusement  bien vite engendré, comme sa suite « Le dernier monde cannibale » ou encore le lamentable « cannibal ferox ».

  

Points Négatifs : Le réalisateur est un connard. En plus d’être pénible et nul, le film est chiant et souffre de longueurs vraiment exceptionelles. Du racisme primaire pas latent du tout, des animaux tués pour de vrai sans raisons valables.  Un jeu d’acteur vraiment tout pourri, mais bon c’est un peu accessoire.

 

Points Positifs : Aucun… Enfin si, un point positif : le thème musical principal, devenu culte lui aussi (une sorte de balade mielleuse de mauvais goût avec de la guitare et du synthé) a été repris et samplé par le Klub des Loosers, afin d’en faire le fond musical de la chanson « De l’amour à la haine », qui est plutôt cool.

 

BADASS Inc.(c) est une marque presque déposée par l'entreprise du même nom. Toute reproduction interdite, même si de toutes manières, je peux pas savoir si un tel a reproduit un texte ou pas. Mais si j'en chope un, j'peux te dire qu'il va prendre pour tous les autres, ça fera pas un pli. Certaines parties du site sont interdites aux mineurs, pareil, si j'en chope un, je lui nique sa race, avant de le dénoncer à ses parents.