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Les Anges Gardiens

    1995, tout le monde va bien. On commence à peine à récupérer du choc qu’a été Les Visiteurs et on a encore deux ans à vivre dans une insouciance à présent violée avant de voir débarquer Men In black (qui, après les Visiteurs, est LA comédie grand public que l’on retiendra des années 90). Et c’est sans doute en se réjouissant du spectacle de millions de français encore tout retournés par les Visiteurs (un film nous le rappelons au rythme pénible, précipité, boursouflé, outrancier, littéralement lardé de gags gras et inenvisageables), que Jean Marie Poiré, le Klaus Barbi de la comédie familiale française, décida, avec son compère Christian Clavier le sarkoziste, de récidiver dans l’écriture et le tournage d’une autre comédie, dans la pure lignée de celle suscitée : Les Anges Gardiens, où Gérard Depardieu succède à Jean Reno dans le rôle du bourrin.

 

Depardieu joue Antoine Carco, le patron d’un cabaret chic parisien où se croise un nombre incalculable de femmes à la poitrine énorme et au teint frais dont Eva Herzigova la troublante communiste et Eva Grimaldi, la chaude fasciste (cette dernière étant la petite amie jalouse et « Cold-As-Ice » de Carco, faisant preuve d’un caractère impétueux qui sera, vous l’aurez sans doute déjà deviné, prétexte à de nombreuses situations cocasses.). Un beau soir, Carco reçoit un appel de Chine. Un vieux pote criblé de balles, percé d’un couteau de chasse et poursuivi par les Triades l’appelle d’une cabine téléphonique et le somme de venir à Hong Kong récupérer son gosse et de l’argent qu’il a mis de côté pour lui et de ramener le tout à sa mère en France. Lui s’en chargerai bien, mais il est en train de mourir (d’ailleurs, il n’a pas fini de haleter dans le combiné qu’un énorme camion déboule d’une ruelle et l’écrase sommairement contre un mur.). Carco, appâté par la promesse d’argent, décide de partir. C’était sans compter la jalousie de Regina, la mussolinienne aux seins énormes, qui a très mal réagis aux multiples énoncés de « ma poule » (surnom que donne Carco à son pote mourrant) et qui croit à une affaire de femmes.

 

Grâce au talent et à la subtilité de Poiré, moins de cinq secondes plus tard, on retrouve Carco à Hong Kong qui va récupérer le petit Bao, dont le papa est mort, qui est pété de thunes et qui a envie de retrouver sa maman. Bien vite poursuivi par le gang du terrible Mr. Mo, Carco et Bao finissent par arriver dans une petite église où le père Hervé Tarain, campé par un Christian Clavier qui n’a pas son pareil pour jouer des personnages aigus et rigides, accompagne des jeunes de Sarcelles dans des pays pauvres pour leur montrer que fumer du crack sous les porches ou participer à des tournantes à même pas treize ans, comparé à ces pauvres chinois qui sont obligé de manger du riz collant à longueur de journée, c’est quand même pas la mer à boire. Carco, habile menteur, persuade le père Tarain de prendre soin de Bao et de le ramener à Paris en même temps que les autres enfants sous sa responsabilité et s’enfonce dans une série de mensonges tous plus filandreux les uns que les autres, avec pour arrière pensée honteuse de s’occuper en priorité de l’argent qui lui est dû.

 

Le reste du film, qui dure tout de même pas loin de deux heures, est une suite de situations pénibles où Carco passe son temps à mentir, à se trahir et finit par voir arriver dans sa vie un Ange Gardien (lui aussi joué par Depardieu), habillé en golfeur et avec les cheveux bouclés, qui va le persécuter et l’inciter à rentrer dans le droit chemin. Carco étant un sinistre connard, l’Ange Gardien a du courage. Mais voilà, un autre Ange Gardien, mauvais celui-ci, monte des enfers pour persécuter le bon père Tarain. Il porte une soutane old school, est agressif dans son langage corporel et porte un mullet.

Christian Clavier, un sarkoziste notoire, marié à Marie-Anne Chazel, avec un Mullet. On croit rêver.

Alors à priori, une comédie franchouillarde un peu précipitée sur les bords, pas spécialement remarquable et sans doute agréable à regarder ? Eh bien non. Ce film est tout simplement terrifiant. Comme un album de Slayer, il donne envie de se prostrer derrière un canapé pour pleurer et trembler de tout son saoul. Cette réaction s’explique par certains gags, certains dialogues et certaines situations, mais surtout par la façon qu’a Jean-Marie Poiré de construire et monter ses films.

 

            Ce qu’on reproche à Jean-Marie Poiré ? Sa manière de filmer qui, pour paraphraser un des membres de l’équipe Badass, donne l’impression au spectateur d’être une mouche épileptique qui passe son temps à se téléporter. Poiré filme de manière violente : des minis plans de deux secondes maximum qui se succèdent très rapidement, même quand la scène en question ne consiste qu’en un dialogue dont la compréhension est capitale pour le reste du film. La scène d’ouverture des Anges Gardiens, par exemple, est un dialogue tendu entre Yves Rénier et un Chinois fourbe (comme tous les Chinois, au fond). Les deux personnages discutent de façon ostensiblement stressée à bord d’un Ferry, et quelle idée géniale notre Poiré national a-t-il conçu pour rendre l’effet de stress aussi fidèlement que possible ? Il enregistre la scène sous plusieurs angles différents et les fait se succéder à une vitesse folle au montage, ce qui a pour résultat effectif un stress majeur chez le spectateur dont la concentration tant recherchée est ici anéantie et définitivement perdue au profit d’une profonde envie de pleurer et de rire en même temps, suivi de spasmes abdominaux que l’on peut rapprocher de ceux développés après une trop longue séances de chatouilles. Poiré est un infatigable chatouilleur. Même quand le contexte ne s’y prête pas, il fourre ses doigts agiles sous les aisselles psychiques de ses spectateurs et pilonne leurs côtes mentales de ses pouces calleux en leur affligeant ce montage non euclidien, où les gros plans de la face pataude d’un Gérard Depardieu particulièrement agressif se succèdent sous trois plans différents en moins de cinq secondes et où l’air contrit et pincé de Christian Clavier semble percer les barrières de l’écran de télévision et surplomber le spectateur, probablement terrifié à ce stade à l’idée de se faire doucement percer les yeux par les poils de nez de cette apparition de cauchemar.

 

            Mais non content d’agresser le spectateur, cette manie pénible qu’a développé Poiré tout au long de sa carrière (on en trouve des traces plus que palpables dans Les Visiteurs, d’ailleurs) de filmer comme un étron sous acide influe négativement sur le rythme même du métrage. Ainsi, il ne mérite enfin son titre d’ « Anges Gardiens » pas loin d’une bonne demi-heure après le générique de début : on est effectivement obligé de passer par de nombreuses scènes de dialogues, certes habiles mais bien trop longues, et par tout un tas de situations filmées dans le détail pour que rien ne nous échappe, le tout évidemment au détriment d’autres éléments de l’histoire, avant que lesdits Anges Gardiens ne débarquent effectivement (passons sur le fait qu’ils ne servent pas vraiment à grand-chose et que leur présence tant attendue à un arrière-goût de décevant). C’est toujours ainsi que la fin du film, où Carco s’entoure de gros bras pour aller casser la gueule aux méchants dans un restau chinois du 13ème pour libérer Bao des griffes du fourbe Mr. Mo est expédiée en moins de dix minutes, grâce à cette façon de filmer et de monter qui facilite bien la vie quand on est des notions de rythmes trop extrêmes. D’un côté les scènes posées de dialogues travaillées et trop longues, de l’autre, l’action pure qui fait avancer l’histoire qui est littéralement torchée de telle façon à ce que l’on a du mal à ne pas se sentir violé quand le générique commence, un peu comme après l’écoute d’un album de Nashville Pussy.

 

            Pour conclure, on ne dira jamais assez que Jean-Marie Poiré est un des pires réalisateurs français de toute l’histoire du cinéma. Ce petits plans de deux secondes maximum qui se collent les uns aux autres ayant pour résultat migraines, nausées, diarrhées, toux grasses ou éclatements vaginaux chez les femmes les plus sensibles nous font penser, chez Badass Inc., que Jean-Marie Poiré a soit un très grave problème, sans doute au niveau de son anus (un peu comme Lucio Fulci), soit il le fait vraiment exprès par pur plaisir de faire souffrir viscéralement (un peu comme Lucio Fulci), ce qui, entre nous, le rendrait très cool, parce que putain ça marche vachement bien comme technique pour bien faire chier pendant qu’on regarde ses films. Mais franchement on en doute, ça serait trop beau si une manière de filmer aussi abjecte et perverse était voulue, ce genre de choses est forcément du au pur hasard.

 

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Point Négatifs : Trop long pour un film aussi mal rythmé et mal filmé. Vague sensation d’inutilité qui se transforme progressivement en grosse impression de foutage de gueule massif au fur et à mesure que le film avance et qu’on se rend compte que les Anges Gardiens sont assez inutiles.

 

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Points Positifs : Depardieu et Clavier ont beau être de gros cons, ce sont de bons acteurs. Ils collent bien à leurs personnages, rentrent bien dans les diverses situations auxquelles ils sont confrontés. Quelques passages calmes authentiquement amusants, mais vraiment trop rares. Un film à regarder impérativement entre potes pour en rire et partager la souffrance qu’il suscite.

 

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