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Meet The Feebles

             C’est en voulant le plus simplement du monde « montrer ce qui se passe dans les coulisses entre Kermitt et Piggy » que Peter Jackson signa en 1989 avec son second film ce qui peut être considéré comme son autre véritable Chef d’œuvre, avec le fabuleux Créatures Célestes.

 

            Les personnages du film sont tous des animaux marionnettes aux caractères atypiques : ainsi nous avons Bletch, le phoque manageur, fornicateur acharné et trafiquant d’armes et de drogues à ses heures, fiancé à Heidi l’hippopotame rose hypersensible superstar du Show, qui reçoit ses ordres de Mr. Sébastian le renard sodomite metteur en scène au tempérament coléreux, ou encore Trevor, le rat pervers odieux sidekick de Bletch, Arthur le ver à tout faire paternaliste et désabusé, Wynyard la grenouille lanceuse de couteaux et rendue accro à l’héroïne après être revenue du Vietnam ou encore une mouche reporter dont le passe temps favori est de colporter des rumeurs salaces tout en mastiquant des étrons… Bref, toute une troupe un peu minable tout sucre et tout miel quand vient l’heure du Grand Spectacle mais haineuse, violente et glauque dès que la lumière des projecteurs s’éteint.

 

Dans ce monde sinistre et poussiéreux où jalousie et désespoir règnent débarque Robert, un petit hérisson qui a réussi toutes les auditions et qui a été accepté dans la troupe des Feebles. Vite pris en charge par Arthur le concierge, seul personnage un tant soit peu normal de la troupe, Robert croisera successivement les différents personnages les plus importants du théâtre sans jamais leur adresser la parole directement, passe totalement inaperçu, est maltraité par Trevor et fini par tomber amoureux d’une jeune chienne au regard langoureux. Le fait est que Robert arrive durant la toute dernière journée de répétitions avant le grand soir, où tout le monde répète son numéro devant les sarcasmes et les migraines de Mr. Sébastian qui passe son temps à répéter que le spectacle est coulé d’avance, qu’ils sont tous nuls et qu’ils n’y arriveront jamais.

 

           

            Le spectateur potentiel va donc suivre plusieurs personnages séparément durant cette dernière journée placée sous le signe du stress. Bletch qui trompe Heidi avec une chatte, deal de la drogue et commet des meurtres, Trevor qui tourne des films pornos nasaux entre un tapir obsédé et une vache en tenue SM, Robert qui tente de séduire sa jeune amie et à se faire une place au sein de la troupe qu’il a tendance à idéaliser, Harry le lapin qui attrape la myxomatose à force de baisouiller à droite à gauche sans capotes ou encore Heidi qui, de désespoir, se goinfre de chocolat et autres sucreries en attendant l’heure H, et la tension générale qui finit par monter tout doucement au fur et à mesure que les différentes frasques pornographico-toxicomano-égocentriques des différents personnages se rejoignent pour enfin éclater dans un final d’une violence inouïe où Heidi, au bord du désespoir, se munit d’un M60 ornant le bureau de Bletch et décide de mettre fin à la carrière des Feebles en les assassinant massivement.

 

            Chef d’œuvre de Peter Jackson, donc ? Oui, car il s’agit là d’un monument du cinéma trash ingénieux et inventif à l’originalité insolente et qui, comme les plus remarquables productions Troma (dont Peter Jackson est un grand fan), a repoussé pour très longtemps les limites du mauvais goût le plus complet (dixit J.P. Dionnet, attention), et ce avec un brio étourdissant. Alliant une violence graphique qui laisse déjà deviner la purulence de ce que sera Brain Dead quelques années plus tard (mais si vous savez, le film le plus sanglant jamais pondu…) et un sarcasme corrosif sur la société du spectacle à base de sexes, de drogues, de jalousies et de meurtres, Meet The Feebles fait partie de ces films bourrés de situations atroces qui ne peuvent que ravir et dégoûter mais qui finalement font jubiler, parce que si on ne jubile pas devant un film pareil, on ne peut que se résigner et vomir.

 

De ces situations dérangeantes, on retiendra notamment le fakir indien qui perd l’équilibre durant son numéro de contorsionniste et qui reste la tête profondément enfoncée dans l’anus jusqu’à la fin du film, où sa tête pleine de merde est enfin libérée juste avant qu’il ne meurt écrasé sous sa planche à clous ; quand Mr Sebastian, constatant en plein direct que le spectacle est sur le point d’être totalement ruiné devant des milliers de spectateurs, décide envers et contre tous de monter son ancien numéro qui avait fait son succès de par le passé : une chanson intitulée « Sodomy » (téléchargeable sur notre merveilleux site), qu’il va interpréter dans le silence général devant un public essentiellement composé d’enfants et d’adultes bien pensants, vêtu d’un costume à paillettes et se dandinant sur des marches lumineuses entourées de piliers romains de forme phalloïde qui crachent un petit jet de paillettes par le sommet du gland une fois la dernière note de la chanson martelée sur le piano, le silence purement anal qui suit étant sans doute un des plus pesants de l’histoire ; ou encore dans le genre « grands moments de solitude », Wynyard dopé à l’héro jusqu’aux yeux que l’on traîne sur scène pour son numéro de lancé de couteau (où l’assistant qui risque sa vie n’est autre que Robert le hérisson, l’autre assistante étant morte plus tôt dans la journée) et qui finit par se planter une de ses armes dans le haut du crâne devant toute l’assistance, avec tout ce que ça implique de jets de sang, de râles d’agonie et de « spürt » gargouillants.

 

Un film choc donc, que Jim Hanson n’aurait sans doute jamais osé imaginer lui-même : ce que serait le Muppet Show s’il avait été géré par un Néo Zélandais barbu en net surpoids et fan de Tolkien. Et c’est ainsi qu’on ose affirmer que Meet The Feebles est un pur bijou d’inventivité, très accrocheur malgré sa saleté et sa noirceur et qui pavera la route à d’autres Grands Films Sales et Délirants tels Tromeo & Juliet, tout en restant tributaire de ce génial esprit d’insubordination cinématographique cheap popularisé par les studios Troma, dont Peter Jackson fut à ses débuts parmi leur plus brillant disciple, au même titre que le sont toujours aujourd’hui Matt Stone et Trey Parker. Un film à voir, car étant un des étendards les plus remarquables d’un cinéma trash plaisant et culte.

 

 

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Points Négatifs : Difficilement trouvable sur le marché, et peut-être un petit peu trop long, compte tenu de son contenu plutôt indigeste au premier abord. Mais ce n’est qu’un « peut-être »…

 

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Points Positifs : Très amusant, bien fait, pertinent, caustique juste ce qu’il faut, gerbant parfois, dérangeant, bref un film satisfaisant et audacieux qui ravira les aficionados du Cinéma de l’Intolérable.

 

 

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