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Nightmare Concert a.k.a Cat in Brain

 

 

Métrage honteux du Grand Maître du Sale et du Glauque Italien de la fin des années 70, Nightmare Concert a de quoi outrer. Un concept de départ amusant : Lucio Fulci joue son propre rôle de réalisateur Italien sur le tournage de « When Alice Broke The Mirror », une sorte de thriller vaseux où un homme d’âge mûr en polo bleu ciel massacre des femmes désagréables par pure cupidité et qui se distingue des autres psychokillers du cinéma de genre par ses expressions faciales navrées lors des très longues scènes de mises à mort. Et après avoir filmé une de ces terribles scènes où le cannibale en polo bleu découpe une femme à la tronçonneuse en gros plan, notre ami Fulci est pris de sinistres visions d’une violence inouïe qui ne manquent pas de lui rappeler les films monstrueux qu’il tourne depuis une bonne vingtaine d’années.

 

            Ces visions de cauchemar, toutes extraites de ses films passés (les plus récents en tout cas, Nightmare Concert datant de 1991 et ses films les plus remarquables datant plus ou moins de 1980), commencent à pourrir sa vie quotidienne. Il ne se passe plus cinq minutes sans qu’au tournant d’une rue notre bon Lucio à la démarche nonchalante de vieux bonhomme barbu et saoulé dont le leitmotiv en toutes situations est « ça n’a pas d’importance » ne soit assailli par une scène de meurtre barbare, par un zombie sanguinolent ou par une métaphore obscure à base de tronçonneuses et de zooms abusifs; le tout évidemment accompagné par une bande son lamentable comme seul Fabio Frizzi sait les concevoir : juste ce qu’il faut de décalage ridicule grâce à son Horror Funk pour réussir à amener un film au départ plutôt brillant vers les rivages de l’inacceptable (qu’on ne me méprenne pas, Nightmare Concert est nul à chier sur toute la ligne et n’avait pas besoin d’une bande son lamentable pour s’enfoncer encore plus… On pensera surtout à L’Au-Delà pour ce qui est de la bande-son vraiment pénible, mais c’est une autre histoire). Et c’est après avoir subi une hallucination particulièrement tétanisante où il voyait un bûcheron ensanglanté soumettre sa tronçonneuse à un va-et-vient menaçant dans sa direction, le tout mis en valeur par un usage plus qu’abusif d’un zoom expérimental qui se révèle au final comme étant plutôt drôle, que Lucio Fulci décide, dans un accès impressionnant de « ça n’a aucune importance, je le sais pertinemment, mais c’est tout de même pénible » de réagir et d’aller consulter un psychiatre.

 

            Le professeur Egon Schwarz (c’est le psychiatre), une sorte de sous-Freud à l’air authentiquement méchant, est marié à une connasse tout aussi pénible que Valérie Mairesse (dont elle est un sosie quasi parfait) qui le méprise et qui, comme on dit, porte la culotte au foyer. Freudisme oblige, toutes ces histoires de castration tout ça : Schwarz est un homme frustré, amoindri, il bande mou devant sa femme odieuse qui passe son temps à l’humilier. Il a fort logiquement nourri une haine féroce et meurtrière à l’égard de la gente féminine et a des fantasmes de meurtres sanglants. C’est alors que le Pape de l’Horreur Italienne Cheap débarque chez lui, les sourcils arqués et le front humide, son jogging gris qui laisse amèrement deviner qu’il est monté comme un âne, le peu de cheveux qui lui restent pour cause de calvitie majeure qu’il parvient tout de même à avoir gras et sales et cette énorme dépression qui lui cause des visions pénibles. Alors là le cerveau reptilien du psychiatre castré a vite fait de cogiter : « et si j’hypnotisais ce vieux con et m’arrangeait, grâce à un petit boîtier noir qui fait bip, pour le faire arriver en même temps que moi sur les lieux de mes futurs crimes dans le but non avouable de le faire arrêter à ma place ? ». C’est bien évidemment ce qu’il fait.

 

            Fulci s’en va alors, pas le moins du monde débarrassé de ses visions terrifiantes ce qui lui permet de nous coller ses massacres passés dans le montage, auxquels vont vite se greffer les meurtres brutaux perpétrés par Egon Schwarz qui méritent toute notre attention à bien des égards.

 

           En bon misogyne qui s’assume plutôt mal, Schwarz a vite fait de s’en prendre aux Prostituées Italiennes. C’est donc au volant d’une petit Fiat blanche, parfaitement emmitouflé tour à tour dans un K-way bleu foncé ou sous un bonnet et une écharpe bleu ciel, qui laissent toujours parfaitement dépasser son visage barbu et affreusement pâle crispé par un sourire de joie pure et communicative, fidèlement cramponné à sa petite hachette et son couteau à cran d’arrêt qu’il avance d’un pas sûr mais lent en direction de la pute Hurlante et Titubante. Sourire hideux donc, démembrement massif, effusions de sang, faux raccords, zooms, effets spéciaux cheap, sourire, K-way, sourire, corps décapité, sourire, faux raccord et un Fulci vaguement saoulé qui se tâte les tempes et se retrouve en pleine campagne avec un cadavre à ses pieds.

Stress.

Vous l’aurez donc compris, Nightmare Concert n’est qu’un énorme prétexte à une débauche de violence, de sexe et de tension maladroite où Fulci réutilise massivement du montage de ses précédents films pour ce qui est du sexe et de la violence et se contente d’errer bêtement d’un endroit à un autre, de se frotter pensivement les joues et d’avoir l’air bien à l’ouest pour ce qui est du reste. Une sacrée daube même, complètement maladroite, vierge de toute ambiance où se succèdent platement carnages et introspection de la part de Fulci, à base de zooms peu flatteurs et de plans d’intérieur de sa maison qui est franchement moche, avec tout ce carrelage et ces lambris pas possibles. On est donc très loin du génie dérangé de La Maison près du Cimetière, qui osa utiliser Giovanni « le gosse le plus laid du monde » Frezza dans un des rôles principaux d’un film aujourd’hui culte, provoquant sans doute d’intolérables crises de fou rires partout à travers le monde uniquement grâce aux expressions faciales sincères du gosse, et qui osa donner vie au terrible Dr. Freudstein… Mais là encore, c’est une autre histoire.

 

Nightmare Concert a tout du film cheap de commande où pas grand monde ne s’est foulé durant le tournage (à commence par Fulci lui-même, qui soit mime parfaitement l’ennui le plus complet, soit est un acteur tout simplement sublime, alternative évidemment hors de question et ce jusqu’à la fin des temps, ce qui n’est pas vraiment la même chose que l’éternité). Un film gore tout simplement dont l’intérêt réside essentiellement dans la non prestation de Fulci en tant que personnage principal tourmenté, quelques scènes de barbarie ayant pour essentiel protagoniste le cannibale en polo bleu qui fait souvent preuve d’une brutalité hors norme tout en gardant son horrible moue de connard sophistiqué et bien sûr Egon Schwarz et sa géniale frustration et la joie intense qui rayonne de lui quand il égorge une pute anonyme dans un sous-bois glauque.

 

Notons que ce film fait partie des six proposés dans le coffret Lucio Fulci One Plus One, qui sur six films propose malheureusement trois navets incommensurables (dont celui-ci) au profit de trois chefs d’œuvres qu’il fait bon voir. Même si le prix du coffret reste correct, on a du mal à ne pas se sentir violé quand on tombe sur un film authentiquement horrible et pas spécialement regardable comme Nightmare Concert, un peu comme quand on écoute un album de Nashville Pussy.

Points Négatifs: C’est quand même franchement mauvais, il faut pas se leurrer.

 

Points Positifs : Ca a beau être mauvais, c’est quand même plutôt rigolo tant la chose est outrancière. Visualisé dans une optique légèrement Troma (même si on en est assez loin, il faut l’avouer) en privilégiant l’amusement et un certain recul, on se surprendra à ricaner de temps en temps, voire à rembobiner pour se refaire la première scène de meurtre du professeurs Schwarz ou cette scène inoubliable où le cannibale en polo bleu met beaucoup trop de temps à défoncer le crâne d’une grosse dame en robe saumon avec un épais bâton.

 

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