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Warlock 1691, région de Boston. De sinistres puritains en capes noires et barbes blanches pataugent avec inquiétude dans la gadoue maussade d’un village de colons. Tandis que la petite congrégation avance, un mot écrit sobrement en rouge en très petites lettres apparaît sans crier gare au beau milieu de l’écran et choque le spectateur : WARLOCK.
Warlock, c’est le titre de ce film improbable tourné en 1988 et qui aurait du sortir directement en vidéo, mais qui au lieu de ça et suite à la faillite de la maison de distribution fut projeté dans plusieurs salles de cinéma partout à travers le monde. Limite culte, limite téléfilm, à peine regardable, il fait partie de la fournée de ces petits films fantastiques de merde qui prospérèrent entre la fin des années 80 et la mi-90 et que des chaînes comme M6 se font une joie de passer le jeudi soir à partir de 22h25, parce qu’il faut bien meubler les « jeudis de l’angoisse ». Mais Warlock se distingue du reste de la foule de petits films médiocres de son espèce de part le simple fait qu’il s’agit sans doute du long-métrage fantastique recelant le plus d’incohérences impardonnables de l’histoire du faux cinéma de genre.
On comprend bien vite qu’il est sur le point d’être mené au bûcher, sous l’inculpation de sorcellerie et de pacte avec Satan. Les puritains le narguent cinq minutes, pour lui faire comprendre qui est le patron dans ces contrées, qu’on aime pas trop les gens comme lui par chez eux. Et c’est après qu’ils aient quitté la cellule que le Héros apparaît. Gilles Redfern est son nom. Sosie d’un Bernard Giraudeau finit à la pisse, vêtu de peaux de bêtes mal assemblées exprès et portant un des mullet les plus laids du monde après ceux de Billy Ray Cyrus, Gregg Bissonnette et Christain Clavier dans les Anges Gardiens, Redfern est un Chasseur de Sorcières et Warlock est son Ennemi juré. C’est alors avec un plaisir mêlé de haine, que le spectateur devine par un jeu d’acteur époustouflant, que Redfern fait comprendre une dernière fois à Warlock que « aha ! Tu vas mourir, tu vas brûler vif ! Dieu ! DIEUUUU ! ». Mais c’est vrai que notre ami Sataniste Blond aux traits d’un raffinement typiquement anglo-saxon a l’air bien confiant et narquois depuis le début du film. On le menace de mort douloureuse, de damnation, de descente aux enfers (ce qui est parfaitement incohérent et loin d’être menaçant pour lui, car sachant que le Warlock ayant bel et bien des pouvoirs démoniaques, est un pur fruit de l’Hadès maléfique, comment pourrait-il ne pas être accueillit en héros dès son arrivée en enfer, salué par Satan lui-même comme étant un élément dynamique de sa S.A.R.L. ? Pauvres cons) bref, de tout ce qui peut arriver de pire à tout bon chrétien, et il se contente de sourire. Même quand Redfern, de rage, lui colle un coup de poing au menton et l’envoie bouler autour de ses chaînes, avec tout ce que ça implique de douleur et d’inconfort. Ses provocations n’ayant pas atteint le but escompté, notre ami le chasseur au mullet décide de quitter la cellule. Et là, c’est le drame : Warlock décide de se téléporter en 1989 pour aller chercher la bible de Satan, éparpillée aux quatre coins du pays, qui contient le nom de Dieu écrit à l’envers et qui, s’il est prononcé de cette manière à la face du ciel, peut défaire toute la Création en l’espace que quelques secondes d’anéantissement pénible pour tout l’univers. Défaire toute la création, donc Warlock lui-même et son maître, Satan. Incohérence de taille. S’en suit alors un déluge d’effets spéciaux spectaculaires où Warlock est aspiré dans un tourbillon temporel marron et où, dans un accès de courage hors du commun, Gilles Redfern le pourfendeur de païens plonge à son tour, projeté sans le savoir dans l’enfer de la fin des années 80.
Peu après, Warlock atterrit chez une conne qui partage une maison avec un homosexuel fringuant arborant une minuscule queue de cheval en fracassant la baie vitrée du salon. Conclusion rationnelle du coloc’ sur cette défenestration impromptue d’un type louche aux vêtements et à l’apparence anachronique : « sans doute emporté par une tempête de sable. ». C’est vrai que c’est tout de suite plus crédible qu’un voyage dans le temps entrepris exprès pour défaire la Création dans son ensemble. Ne sachant pas trop à quoi s’en tenir, car étant conne et remplissant toutes les caractéristiques du boulet, la jeune femme de la fin des années 80 héberge le Warlock pour la nuit. Le lendemain, alors que celle-ci s’est absentée en ville, le colocataire libidineux, sans doute attiré par l’homosexualité involontaire et le mystère que dégage le sorcier, lui fait les yeux doux. Résultat, le Warlock lui tranche un doigt, dans le but de lui subtiliser sa bague, qu’il trouvait fort jolie, et lui roule une pelle afin de lui arracher la langue pour la cracher ensuite dans une poêle chauffée à point. Soudain plus confiant vis à vis à cette époque douteuse après avoir commis ce meurtre barbare, Warlock se rend au cabinet d’une voyante. Après l’avoir vaguement charmée (les femmes sont toujours très sensibles aux charmes des homosexuels) il lui demande d’entrer en contact avec une entité démoniaque, et se rend compte bien vite au bout de deux minutes de fausses convulsions et de mauvais jeu d’actrice qu’elle fake le tout, habitué qu’il est aux choses de l’occulte. Par un jeu subtil de regard et de sourcils, Warlock parvient à faire en sorte que son supérieur démoniaque s’incarne carrément en la personne de la voyante, qui a soudain des dents pointues, des yeux d’un noir de jais vaguement impressionnant et qui a sataniquement perdu ses sourcils. Là, le démon apprend à Warlock avec un sourire goguenard qu’il ferait bien de trouver cette bible satanique pour anéantir l’univers, et qu’en récompense il deviendra le fils de Satan. Oui, vous avez bien lu. La récompense ultime pour défaire ce qui a été fait, TOUT ce qui a été fait (donc y compris Satan lui-même), c’est de devenir le fils de Satan. Donc selon toute logique, Warlock ne sera le fils du Prince du Mal que pendant les quelques nanosecondes séparant son élocution inversée du nom divin et le néant total qui s’en suit implacablement. Incohérence majeure. Après cette promesse débile, Warlock arrache les yeux de la voyante-démone, qui vont soi disant le guider dans sa quête des fragments de la bible de Satan, et repart vers son petit bonhomme de chemin. Le premier fragment de la bible de Satan se trouvant bien entendu encastré dans un vieux meuble en possession de la conne du début, qui en plus d’être une diabétique pathologique est maintenant choquée après la découverte du cadavre élangué de son coloc’, Warlock se voit infailliblement guidé par les yeux de veau mal moulés en plastique qu’il a subtilisé un peu plus tôt à la vraie-fausse voyante. Mais c’était sans compter l’arrivée de Gilles Redfern, qui a tôt fait de sortir de son Manteau une Boussole à Sorciers qu’il tente d’utiliser pour localiser le Warlock, après avoir rudoyé la conne qui commence à en avoir marre de voir débarquer des gens du dix septième siècle chez elle, et qui ont l’impolitesse de buter son ami dès qu’elle a le dos tourné cinq minutes, ou qui pénètrent chez elle en aboyant à peu de choses près « où est-il, femme ? Où est le Warlock ? ». Bref, elle est larguée, elle est en hypo et elle en a MARRE ! Et comme si elle en avait pas déjà assez subi, le Warlock, avant de disparaître avec le premier fragment de la bible de Satan, lui a subtilisé un petit bracelet et lui a jeté un sort qui fait qu’à chaque jour qui passe, elle se prend vingt ans dans la gueule. Le lendemain, elle se réveille avec les cheveux longs et gris, des ongles longs, mais pas assez pour des ongles qui n’ont pas été coupés en vingt ans (et passons sur le fait qu’elle aurait du mourir de ses fausses vingt années d’oubli de prendre son insuline, de repas sautés, de déshydratation tout ça… On est bien d’accord, c’est de la Magie, mais faut pas pousser non plus). Le reste du film tient plus du road-movie fantastique que du slasher débile qu’on aurait pu être en droit d’attendre. En effet, Warlock parcours tout le pays à la recherche des fragments de la bible de Satan, toujours suivit de plus ou moins près par Redfern et la conne, dont le seul espoir de survie est de récupérer le bracelet volé par le sorcier, afin d’annuler le sortilège de son vieillissement prématuré (on pourrait voir ici une critique de la soumission aux produits cosmétiques et aux canons de beauté de l’époque, mais comme pour la Magie, y’a des moments où faut pas pousser). Tout au long de sa quête satanique, notre ami le Warlock, avec son éternel petit sourire en coin et son regard rusé d’occultiste violent, croisera le chemin de personnages haut en couleur. Le premier sera un petit garçon blond (que le TV nerd un tant soit peu attentif aura reconnu comme étant le gamin qui, quelques années plus tard en tant qu’adolescent, puis jeune adulte, jouera J.T. le fils con de Patrick Duffy dans la sitcom « Notre Belle Famille ») vivant dans une communauté du désert, avec qui il discutera gentiment le temps d’une partie de jeux vidéo de baseball attendrissante avant de le dépecer et de boire sa graisse bouillie par un feux de broussailles, parce que c’est bon pour le teint de ceux qui croient en Mû et qui ont tout compris les messages codés de Francis Bacon. Viendra ensuite le vieux fermier mennonite et sa famille. En effet, le vieux bonhomme avec sa barbe et son physique de nain de jardin remarque un beau matin que tous les symptômes de la présence d’un Warlock dans son grenier se manifestent dans sa ferme (citons entre autres un cheval couvert de sueur de manière totalement inexplicable et un seau de lait qu’on quitte deux secondes des yeux et qui tourne sans crier gare en une crème de qualité première). Saoulé à la fois par ce que ces signes impliquent (il a un WARLOCK dans son grenier ! Vous vous rendez compte ? Dans son grenier !) et par le rationalisme maladif de son fils et de sa petite amie (« mais enfin papa, tu dérailles, tout ceci n’est que pure coïncidence ! », « tais-toi Jeremiah ! Je ne suis pas fou ! Je te dis qu’il y a un WARLOCK dans mon grenier ! Tu te rends compte ? Dans mon grenier ! »), le mennonite décide de prendre son pot de peinture blanche et son pinceau à deux mains et de tracer un énorme pentacle cabalistique sur la porte bien rouge de sa grange, au cas où un initié passerai par là pour lui donner un coup de main fraternel. C’était sans compter le pur génie des scénaristes qui décidèrent de faire passer la ture-voi de Redfern et de la conne sur la route de campagne toute pourrie qui longe la ferme… Non bon, là on exagère : Redfern est bien entendu aidé par sa Boussole à Sorcières qui parvient à détecter Warlock, donc c’est pas si incohérent que ça qu’il débarque en cet endroit précis. Bref, Redfern, qui a toujours un mullet, est estomaqué par le pentacle blanc sur fond rouge. Il fait s’arrêter la chiotte et en descend prestement, suivi de près par la conne maquillée de telle manière à ce qu’elle paraisse vieille, mais qui en réalité paraît surtout liftée, et se précipite vers le mennonite qui les a vu arriver. Là, nous nous devons de retranscrire le dialogue, qui atteint des sommets :
Redfern (au vieux) : Amish ?
Le vieux : Mennonite.
Ils se serrent la main vigoureusement.
(Pardon de pinailler, mais les mennonites, comme les amish, sont certes au demeurant des gens charmants et originaux, qui font d’intéressants patchworks et de délicieuses pâtisseries, mais ce sont avant tout des anabaptistes que l’on (les autorités religieuses officielles) jugeait, emprisonnait et exécutait allègrement à l’époque de Redfern en Europe. Sa réaction face au vieux mennonite est donc totalement délirante. Même en tant que Protestant, il aurait du sauter au cou du vieil homme et lui fracasser le crâne contre les tomettes de la cuisine, ou en tout cas ne pas lui serrer la main de manière aussi chaleureuse. Mais que voulez-vous, la présence de l’occulte rend peut-être les gens plus tolérants.) Vous l’aurez deviné, un des fragments de la bible de Satan se trouvait dans le grenier du vieux mennonite. Une scène de tension ratée, des effets spéciaux moches, un jet de javelot impossible, un récupérage de bracelet par la conne (ce qui annule le sortilège. Dommage) se voulant haletant et un vol en avion avec Warlock (que tout le monde croit mort, ou bien calmé) planqué dans la soute plus tard, notre belle équipe se retrouve de nuit à Boston. Redfern a un plan génial, clair et compréhensible : trouver une parcelle de terre sacrée et y enterrer définitivement la bible de Satan, là où les Forces du Mal ne pourront jamais aller la chercher. Le couple requière l’aide d’un jeune pasteur malheureusement trop peu crédible, qui au final ne leur sert pas à grand-chose, à part à se faire menacer par le Warlock (qui a fait un come-back foudroyant en entrant par la porte d’entrée de sa maison après un tremblement de terre qui n’avait probablement rien à voir avec lui). La parcelle de terre Sacrée inviolable par les Forces du Mal se trouve être dans un vieux cimetière. Redfern et la conne s’y retrouvent, batifolent un peu en cherchant le bon endroit et perdent suffisamment de temps de manière parfaitement inutile pour se faire griller par Warlock, qui débarque là où tout le monde sauf les gens concernés en premier lieu l’attendaient. Bataille finale entre les deux mâles : comme toujours c’est le méchant qui a le dessus jusqu’à ce que la conne injecte méchamment au Warlock une double dose d’eau de mer (les Sorciers ne supportent pas le sel, le cimetière est au bord de l’eau, et elle avait ses seringues d’insuline sur elle, au cas où) dans la gorge. Warlock gargouille, prend un air endolori, prend feu et s’écrase comme une merde sans avoir eu le temps de dire le nom de Dieu à l’envers, alors qu’il n’y a rien de plus simple : il suffit de hurler HVHY à la face du ciel par une nuit orageuse et ça marche comme sur des roulettes. Après tout ça, Redfern, qui a réussi à tomber amoureux de la conne vu qu’elle lui rappelle sa promise de 1691, décide de retourner à son époque et arrive on ne sait pas trop comment à repartir dans un de ses tourbillons marrons inter temporels. Le film prend fin sur une scène où l’on voit la conne qui enterre la bible de Satan sous une épaisseur maximale de vingt centimètres de sel dans un désert (vive l’efficacité et l’espoir sur le long terme… que les gens sont CONS à la fin des années 80) et qui repart en bagnole vers un horizon prometteur. On espère un accident ou une explosion spontanée gratuite, mais non.
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