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Motörhead- Inferno

 

 

 

            Excédé par la critique du dernier album de Motörhead (juin 2004) mise en ligne sur le site de Metal Immortel (consultable ici : http://www.metal-immortel.com/motorhead_inferno.htm ), c’est avec entrain que je vais tenter à la fois de dire tout le bien nécessaire de cet album et de souligner toutes les bêtises débitées par ce David, qui font de sa critique un grand moment de convivialité et de moquerie facile (les phrases entre guillemets sont tirées de sa critique).

 

«Le trio Kilmister - Dee - Campbell est fini, lessivé!», bah voyons connard.

 

            Le premier truc cool avec cet album, c’est qu’à peine le disc glissé dans la platine on en prend pleins la gueule dès le premier morceau, « Terminal Show ». Pas d’intro, pas de seconde de silence pour faire monter la sauce, juste un gros coup de boule musical qui a le mérite de surprendre. Ensuite si on est bien synchronisé, le deuxième truc cool qu’on repère dès l’ouverture du petit livret, c’est que Lemmy a dédié Inferno à John Entwistle, le légendaire bassiste des Who mort d’une crise cardiaque en 2002 : « my friend, my hero, may his generous soul live forever ». Une dédicace d’ami à ami, mais aussi de musicien à musicien, Entwistle et Lemmy étant sans doute les deux bassistes à avoir posé fut un temps les bases de ce que devra être le jeu de basse dans un groupe de rock. Bref, s’il y a bien quelque chose qu’on ne peut pas enlever à David, c’est qu’il a trouvé « Terminal Show » cool. Et pour cause, elle est très rigolote : des paroles anormalement denses et recherchées pour un morceau aussi bourrin, un riff rigolo et la voix de Lemmy qui a pris un sacré coup de vieux en très peu de temps, ce qui a pour conséquence la plus frappante un ralentissement de son débit de parole et un côté Grandpa Bollocks que David semble trouver pitoyable, révélant encore un peu plus de son manque de goût affolant.

 

Mais on remarque aussi très vite que la batterie n’a aucun intérêt à l’écoute. Et qu’à aucun moment dans l’album elle n’en aura.

 

Ce qui est dommage car Mikkey Dee, qui selon David « n'a toujours pas compris la signification du mot rock 'n' roll » (décret dont j’ai du mal à saisir la visée, David usant à outrance d’un sarcasme qui tombe tellement à plat qu’on cherchera pas de signification précise à ses élucubrations), a toujours eu le mérite d’être extrêmement violent dans son jeu de batterie, avec ou sans la double-pédale, d’être un excellent batteur, de faire partie des éléments principaux faisant de Motörhead un groupe coup de poing et surtout de bien sonner. Là, on a l’impression qu’il joue dans une pièce séparée des autres musiciens, ou plus probablement que quelqu’un a mixé tout ça de manière bête. On a donc un des éléments forts de la musique du groupe qui se voit avoir le même intérêt à l’oreille qu’une plaine belge sous le plus épais des brouillards pour un touriste sous mescaline. On remarque aussi bien vite qu’on n’entend pas beaucoup la basse, qui a pourtant l’habitude d’ostensiblement bourdonner pour parfois supplanter la guitare et que les riffs de guitare de Phil Campbell qui ont toujours été efficaces sont effacés eux aussi (mais pas au point de devenir aussi gris que la batterie), le tout au profit de la voix, qui nous le rappelons a beaucoup changé en très peu de temps, merci aux clopes.

 

Bref, après l’amère surprise de voir s’effacer un des piliers du groupe au profit d’on ne sait pas trop quoi, débarque le solo de Steve Vai. Alors là, on aurait adoré porter plainte, engueuler les gens de chez SPV/Steamhammer pour ne pas nous avoir prévenus mais c’est impossible. Si on regarde dans le livret, c’est bien marqué qu’il apparaît sur Terminal Show et qu’il s’occupe du second solo de « Down On Me ». Donc quelque part, on pourra pas dire qu’on était pas prévenus. Mais prévenus ou pas, un solo prétentieux, inutile, 80’s et gratuit qui ne fait penser à rien d’autre qu’une sonnerie polyphonique qui s’emballe et qui suffoque sous l’agressivité de Lemmy et Phil, même s’il est heureusement très court, ça fait toujours mal. Alors c’est légèrement outré qu’on enchaîne sur le second morceau, « Killers ».

 

« Killers », c’est le morceau facile. Catchy, débile, bruyant, ensoleillé, méchant et gratuit mais rock’n’roll. Pas très original donc, mais du genre frais et agréable à écouter en roulant au-dessus de 100 à l’heure avec la fenêtre ouverte, les lunettes de soleil et le ciel bleu. Arrive ensuite « In the Name of Tragedy », une des authentiques tueries de l’album, où on a même l’impression au début du morceau que la batterie va enfin revenir à des sonorités normales alors que non. Des paroles amusantes et encore une fois bien trop fournies pour quelque chose d’aussi basique et jouissif, et quelque part on comprend un peu David quand il dit que Lemmy est un mauvais parolier, que les paroles et lui ça a toujours fait deux : il a tout simplement dû ne pas y faire attention, impulsif comme il l’a sans doute été. On est certainement pas face à de la littérature, mais encore moins face à un groupe qui mise tout sur la musique ou la sonorité des mots, sans se préoccuper du sens ou d’une quelconque portée. Surtout sur cet album précis, et « In the Name of Tragedy » en est un bon exemple tout comme « Terminal Show ». Avec ce type de paroles, on est loin de « Ace of Spades » ou de la très conne « Bomber » (même si elles restent incontournables à bien des égards).

 

Viens le tour de « Suicide », la chanson mid-tempo à priori chiante et qu’on zappe à chaque fois qu’on écoute l’album (ce qui m’est arrivé à plusieurs reprises), parce que la batterie déjà chiante, limite pénible passe encore moins bien quand il s’agit de ralentir. Mais au final un morceau qui mérite d’être écouté, parce qu’encore une fois, au risque de contredire une nouvelle fois David qui n’a décidément pas compris grand chose, les paroles sont franchement bonnes :

 

“No sun just clouds and poison rain

Raped and freezing

Victims of the dream again”

 

 

“If there be Gods, then tell me why

They make us kill and kill again

One hundred thousand thousand years

No mercy in the mind of men

What is the world that we should read

What incantation shall we say

How can we ask for justice now

When all the world is blown away”

 

Qu’on aime ou pas, on reconnaîtra sans problèmes que pour un groupe si bourrin, on s’attendrai plus à des paroles à la ACDC ou Nashville Pussy (sexe alcool yeah raah sexe sexe yeah). Donc en ce qui concerne David, on supposera qu’il n’a pas pris la peine de lire les paroles, ou alors qu’il les a effectivement trouvées franchement mauvaises, auquel cas il aurait été de bon ton d’expliquer en quoi afin de ne pas passer pour un abruti qui essaye de faire le malin; et surtout au lieu de faire de Lemmy un basique chanteur de Hard Rock, alors que c’est un monsieur qui pendant longtemps a bien  mieux gagné sa vie grâce aux textes que les autres lui demandaient, Ozzy Osbourne notamment, que grâce à son groupe et dont le talent objectif de parolier n’est pas franchement difficile à reconnaître.

 

Après « Suicide », « Life’s a Bitch », l’autre chanson d’Inferno qui sent le soleil, le carburant et la hargne. Plutôt similaire à « Killers » pour ce qu’on éprouve en l’écoutant : paroles joyeusement débiles, sonorités accrocheuses et sympathie palpable. Un des bons moments de défoulement stupide qu’offre cet album. Maintenant qu’on est au courrant de la présence de l’indésirable Steve Vai, c’est avec appréhension qu’on savoure les dernières secondes qui nous séparent de Down on Me. Sympa sans plus, Lemmy y chante de manière plus rocailleuse ce qui n’est pas pour déplaire et on constate que « Down On Me » fait partie de ces très nombreuses chansons de Motörhead qui peuvent se passer de solos tant le riff de base est carré et passe facilement boucle. Ca, Phil Campbell l’a compris et son solo est court. Mais celui de Steve Vai choque. Encore plus moche que d’habitude mais moins porté sur le branlage de manche, il traîne surtout sur la longueur et sur l’absence d’esthétique flagrante. Et on s’en rend facilement compte en écoutant les trois autres qui jouent leur boucle pendant que Vai fait son show. Bref, en plus d’être lourd et moche, c’est avant tout complètement inutile et c’est facilement ce qui peut arriver de pire à un musicien de la trempe de Vai.

 

« In The Black » est très bonne, une chanson qui a pour thématique l’amour frustré et la volonté de plaire à une dame qui a l’air réticente. Donc ce qui aurait pu être une vilaine balade chiante est en fait une chanson légèrement roots (sauf pour la batterie, encore et toujours…) et bourrine qui amuse plus qu’autre chose.

 

Viens ensuite « Fight », qui selon David est un morceau speed, alors qu’on fait difficilement plus outrancièrement punk. Paroles pires que basiques, rapidité, saccade, du déjà-vu plutôt efficace. «Fight est un peu construite comme Eat The Gun, en nettement moins bon » dit David de ce morceau. « Eat The Gun » est un autre brûlot punk tiré  d’Overnight Sensation (1996), excellent morceau d’un excellent album, mais qui n’a malheureusement pas assez à voir avec « Fight » pour qu’on puisse raisonnablement dire que c’est la même chose en moins bon sans passer pour un crétin. « Eat the Gun » a des paroles encore moins variées que « Fight », à tel point que parler de paroles n’est pas approprié une seconde, n’a pas le même air, est moins pesante et n’a pas de solo. « Fight » a un solo et est bien plus agressive. Bref, c’est du Motörhead dans les deux cas, mais pas similaire au point de crever les yeux, contrairement à ce que David peut bien raconter.

« In The Year of The Wolf » y succède. Une chanson très surprenante : une histoire de Loups-Garous kitsch, chantée à la première personne, qui évoque un passé de meute et de chasse dans la neige et qui devrait être résolument ridicule, mais qui au contraire devient très cool chantée par Lemmy, grâce à sa voix de baroudeur sexagénaire. Une des meilleures de l’album.

 

« Keys to The Kingdom », l’autre mid-tempo vraiment chiante musicalement ce coup-ci, mais quand même bonne dans la mesure où Lemmy, qui a soixante ans, qui fait beaucoup de sexe, qui boit, qui fume et qui se drogue encore trop régulièrement chante une chanson dont la morale est « Hey, les clefs du paradis n’ont aucune signification, ça sers à rien, tu t’attendais à quoi ? Mais félicitations quand même, Dieu peut pas te saquer *doigt d’honneur* », un peu Slayerin sur les bords dans la démarche mais en nettement moins extrême.

 

Pour conclure cet album, un retour en arrière pour le très punk mais pas speed du tout (merci David ^^) « Smiling Like a Killer », qui est basique et efficace à tous les niveaux et du genre intemporel (un morceau qui pourrait figurer sur n’importe quel autre album des dix dernières années, ce qui est un gage de qualité) et enfin LA grosse surprise de cette album, un blues acoustique avec « Whorehouse Blues ». Et là David nous pond une de ses perles : « Par contre, l'acoustique Whorehouse Blues tombe à plat pour la simple et bonne raison que Lemmy n'a aucun charisme pour chanter sur ce genre de vieux blues. ». Tour d’abord le charisme d’un chanteur n’a aucune influence sur ce qu’il peut ou ne peut pas chanter, et il faut avouer qu’il est très difficile de trouver plus charismatique que Lemmy dans le genre personnalité du gros rock qui fait se chier dessus. Ensuite, le fond du propos de David, si on fait abstraction de la tournure maladroite, est de dire que Lemmy n’a juste pas la voix pour chanter un vieux blues sale où deux guitares se superposent et où il y a de l’harmonica et des paroles traînantes à gogo. Pourtant Lemmy rassemble objectivement tous les critères pour chanter ce genre de blues : voix de vieux usée par l’alcool et le tabac, légèrement chevrotante, déjà pas normale à la base, avec une élocution étrange qui suit…

Bref tout ça pour dire qu’il a une voix géniale dès le départ, qui prend avec le temps qui passe de nouveaux timbres loin d’être inintéressants et qui fait que ce blues surprenant de la part de Motörhead passe justement très bien grâce à cette voix peu commune. Encore une bonne occasion de fermer sa gueule qui a été lamentablement ratée pour David. « Son truc, c'est d'aboyer sur du rock bourrin à grands coups de basse saturée, et c'est tout. » yeah David, dans le genre je généralise et je suis un fervent casanier, tu vas loin. Quelque part c’est pas faux (même si « Whorehouse Blues » et « Dead and Gone » sur l’album Snake Bite Love (1998) démentent largement cette affirmation gratuite et stupide, pour ne citer que ces deux chansons), mais je vois mal comment la concilier avec ce qu’on trouve au début de la critique : «Avec Inferno, papy Lemmy ne semble pas comprendre que sortir un album tous les deux ans peut finir par lasser, surtout quand on applique toujours la même formule. Si encore les albums étaient bons, on se régalerait volontiers de cette livraison régulière. Le problème, c'est que Motörhead faisait déjà la même chose il y dix ans, en mieux! ».

 

Inferno étant un très bon album à tous les niveaux, différent dans les sonorités de ce que Motörhead fait depuis un temps déjà, intelligent avec certes quelques défauts, dont le manque d’intérêt de la façon dont sonne batterie, la présence de Steve Vai et l’aspect soporifique mais pas dramatique des solos de Phil Campbell (de toute façon, on s’y habitue et ont finit par ne plus y faire attention), force est de constater que la grande majorité des critiques formulées par David n’ont aucun fondement, tout simplement parce qu’il n’a pas aimé cet album, ce qui est son droit le plus cher, mais qu’il donne fortement l’impression qu’il n’avait rien de concret à en dire. Alors il a meublé. Mal.

Et c’est sûrement pas le fait que cet album a sans doute le titre le moins original de l’univers qui m’empêchera de le trouver super cool.

 

H.

 

 

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