Attention a la marche

A peine réveillé que j'étais à une heure fort matinale pour un mois de juillet bien entamé, la lucidité encore un poil embrumée que je me lança avec inconscience sur cette émission qui semble éclairer les mornes midis de millions de français. Bien sur, ça n’était pas la toute première fois que je regardais cette émission. J’avoue avoir taquiné le goujon une fois ou deux durant de fugaces instants d'atterrement ainsi qu’avoir vu des extraits au zapping. Mais cette fois-ci, je matais l’émission dans son ensemble, je m’offrais tout entier au seigneur Jean-Luc Reichmann. Et dieu, je n’ai pas regretté ma descente aux Enfers télévisuels qu’offre quotidiennement notre tendre TF1.

Étant donné que nous sommes en pleine été, j’ose penser que j’ai eu affaire une rediffusion. Youpi, je m’en serais voulu de passer à coté de cette émission dont le thème tacite semblait être « artistes Inconnus et Ratés » et dont les 4 invités, prompts à donner de leur personne pour faire le show ne semblait jamais prêts à montrer une quelconque forme d’amour propre. Ils étaient quatre (en fait 5, j’expliquerais  plus loin), 3 hommes, pour un individu de sexe féminin; la parité homme femme n’est pas respectée je m’insurge.

Tel un viking, Alil entre, que dis-je, envahit la scène, impose sa présence et son charisme et l’on apprend que ce drôle de numéro a écrit une pièce comique. Beaucoup d’humour en perspective, comme quoi, il n’est jamais trop tard pour se lancer, notre bonhomme tutoyant la quarantaine. Alil s’installe, cependant, le meilleur reste a venir, car le comble de la déprime, de la loose, comme dirait les djeunz, s’incarne sous nos yeux. Jean-Luc Reichmann nous annonce l’arrivée de Marie-Claire, joueuse de claquettes et de banjo. Coup de guigne, elle n’avait pas son banjo avec elle, mais nous sert d’un délicieux pas de claquette qui apporte la preuve inéluctable que l’on peut faire faire n’importe quoi à n’importe qui en ce bas monde pour peu que les cameras soient présentes.

Marie-Claire entame donc son petit numéro, et c’est avec un sens aigu de l’humiliation qu’elle nous expose son non-talent avec un sourire tout sauf communicatif. Heureusement ce cruel spectacle s’abrège bien vite, sous les applaudissements du public le plus laid qu’il m’ait été donné de voir. Petite parenthèse sur le public. L’antithèse complète d’un public jeuniste a la Ardisson ou d’un défilé de cruches et de décolletés à la Arthur, c’est ici un superbe florilège de français d’en Bas de tous ages, possédant tous une plastique faciale dépassant de loin le seuil du supportable. Spontanés comme un supporter de foot écossais en plein coma éthylique, le public nous offre pléthores de sourires factices et de bonne humeur en carton, deux éléments assez récurrents dans l’émission.

Mais faisons fi de cet accablant étalage d’hideux bovins pétillant à la simple idée de voir Reichman en vrai pour revenir a Marie-Claire, qui, et je m’en veux de ne pas l’avoir précisé plus tôt, est un copieux boudin à la fraîcheur discutable maquillé avec la truelle de Paulo. Donc Marie-Claire tape du pied un moment, on est tous gênés, parce que c’est franchement nul (pas que je sois plus doué qu’elle, mais bon, quitte a se prostituer à la télé, autant de le faire proprement), et elle décide enfin de garer son derrière immense derrière le petit pupitre à coté d’Alil.

Ensuite arrive Patrick, le mime pas franchement doué au physique défiant toutes les lois établies quant aux proportions cou-épaules (un cou anormalement épais pour des épaules anormalement peu larges et tombantes), et après un bref essai de break dance visiblement raté, il s'en va gentiment rejoindre le club des bras cassés. Et enfin, le dernier candidat débarque, un certain Thomas, assisté de Frank au piano (incontestablement le plus doué des quatre présents) dont le métier dans la vie est de faire des impros chantées, un peu comme des sketchs à thèmes mais en chanson. Voila, voila. C’est fou comme il s’en passe des choses dans la vie dites donc.

Quelques sourires embarrassés et autres machins relous en synthèses qui dansent plus tard, l’émission à proprement dite commence et parvient à creuser toujours profond dans cette abyme intellectuelle qui s’amorçait. Je passerais vite les questions connes, dont je me demande néanmoins comment on peut connaître la réponse exacte (quel pourcentage de français en a marre de la chenille –tube de la bande a basile-?) pour plutôt décrire l’atmosphère révoltante de cette émission dont le cadre donne envie de vomir. Voir se débattre quatre nazes en besoin de reconnaissances, coincés entre un public fondamentalement laid et Jean-Luc « tache-de-vin-enfant-de-l’inceste » Reichmann est en plus d’être pénible vraiment éprouvant pour l’intégrité mentale du téléspectateur. Entre une question sur l’A380, et une sur les femmes qui profite de la gaule du matin pour se faire fourrer vite-fait (véridique), nos pauvres « artistes » doivent se vendre tant bien que mal aidé par ce sacré Jean-Luc. Mention spéciale à Marie-Claire qui en plus d’être moche fait du zèle en chantant a capella, et agressant nos tympans durant de longues secondes.

Finalement, comme il ne peut y en avoir qu’un, c’est Patrick qui se démarque, et arrive en final, après un minable sketch d’Alil avec Jean-Luc. Il est encore tôt dans la journée, pourtant la déprime est a son comble. Patrick a lui le droit de nous faire son petit sketch. Donc Patrick fait vroum vroum, mime une moto, et faire « brrrt brrt » avec sa bouche. Dix minutes plus tard Patrick gagne 5.000 Euros. C'est peut-être ça la magie de TF1.

En cadeau bonus, le générique en mp3, mazette quelle joie.

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