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Freddy VS Jason
Ce film avait un potentiel indéniable.
Ronny Yu d’une part, réalisateur parfaitement taillé pour ce genre de films stupides assumés à la violence bien dosée, à qui l’on doit notamment l’amusant Bride of Chucky bien représentatif du genre, un budget conséquent (ce qui a ses avantages comme ses inconvénients, on le verra plus tard), des acteurs aux gueules et au jeu insupportables et d’autre part les deux personnages centraux, Freddy Krueger et Jason Voorhees, lâchés dans une ville peuplée de jeunes connards superficiels et arrogants à l’égard desquels on n’éprouvera aucune sympathie à aucun moment du film. Rajoutez à cela une bande originale à base de Slipknot, de Mike Patton en duo avec Sepultura et autres groupes de metal pas bien subtils et vous voici fin prêts à faire face à un film inégal, complètement sans intérêt à de nombreux niveaux mais suffisamment efficace à certains moments pour définitivement prohiber tout « c’est de la merde du début à la fin » une fois le film fini.
L’histoire est d’un basique réjouissant. Freddy se fait torcher par les gamins de Elm Street depuis près de vingt ans, enchaîne retour aux enfers sur retour aux enfers sans jamais réussir à se venger complètement à chaque fois. Puis un jour les parents survivants à l’origine de la grossière vendetta qui eu pour conséquence sa transformation en être de cauchemar prennent une décision d’un totalitarisme à faire vibrer de joie le webmaster : « La plupart de nos gamins rêvent de Freddy et finissent un jour où l’autre par le faire revenir de là où il est à force d’en rêver et d’en parler aux autres ? Et ben on va tous les envoyer dans le même asile à la sortie de la ville, sans explications ni contact avec l’extérieur, on va les bourrer d’Hypnocil tous les soirs afin de les empêcher de rêver et on va consciencieusement supprimer toute trace de Freddy et de ses victimes passées dans les archives de la ville ». Alors au bout de quelques années, les seules personnes au courant de l’existence de Freddy sont les adultes à l’origine de cette manigance et les adolescents internés qui n’ont plus aucun contact avec le monde extérieur. En dehors d’eux, pas un seul être humain n’a la moindre idée de ce que peut bien être Freddy Kruger. C’est l’oubli pur et simple. Mais notre grand brûlé infanticide ne l’entend pas de cette oreille. Il monologue aux enfers, remémorant par la même occasion au spectateur ses exploits passés tandis qu’un montage des différents meurtres présents dans les films précédents défile et prend la décision de trouver un moyen de revenir en force sur Elm Street pour botter le cul aux ados du coin.
De manière totalement injustifiée, il décide de ressusciter Jason.
Jason est grossièrement enterré quelque part dans un sois bois, il ne reste pas grand-chose de lui à part des os humides et un vieux masque de hockey tout rayé. Mais croyez-le ou non, Jason est toujours capable de rêver. Et de quoi rêve t-il ? De poufiasses aux seins énormes qui viennent prendre des bains de minuit . Et que se passe t-il dans son rêve ? Toujours la même chose que dans les Vendredi 13 précédents : au bout de quelques brasses, la poufiasse s’inquiète, sors de l’eau nous gratifiant d’un nouveau plan BOOBS gratuit, ramasse ses vêtements, entend craquer une branche quelque part et s’enfuit dans la direction la moins propice à toute notion de survie dans un cas pareil. Elle croit avoir semé son agresseur potentiel invisible, fait l’erreur de reculer en regardant dans la mauvaise direction, bute contre le torse de Jason, le dévisage pendant quelques nano secondes et finit par se faire empaler avec une violence exemplaire contre un chêne centenaire. La possibilité d’un Teenage Horror Flick à la violence peu amusante est définitivement écartée : la machette fait un bruit cool et traverse le ventre et l’arbre avec une puissance choquante. On sait déjà que Jason va défoncer comme il a rarement défoncé avant. C’est d’ailleurs ce qui fera tout l’intérêt du film jusqu’au combat final. On comprend qu’il s’agit d’un rêve quand la maman de Jason apparaît derrière lui, pas Betsy Palmer malheureusement, mais une autre vieille femme désagréable qui porte toujours ce même pull, et lui dit qu’il est temps de reprendre du service, que les enfants de Elm Street ont été très vilains et que pour faire plaisir à sa maman il ferait bien de partir laminer du fan de Blink 182. Jason toujours muet comme une tombe est tout chamboulé par cette apparition onirique de sa maman, son corps se régénère sans aucun explication et il sors doucement de la forêt, machette à la main, en quête de jeunesse insouciante. On signalera d’ailleurs que Ronny Yu a été très explicite au sujet de Jason, qu’il n’avait pas l’intention de n’en faire qu’un vulgaire zombie d’un mètre quatre-vingt quinze qui tue des gens. C’est avant tout un personnage motivé par la vengeance, empli d’une tristesse résignée, toujours ramené à la vie pour venger sa mère et qui s’en prend lui aussi plein la gueule depuis près de vingt ans. En tout cas, l’intrigue est posée : Freddy va se servir de Jason pour terrifier les gosses de Elm Street ce qui va lui permettre de revenir en force dans leurs rêves. Le peu d’adultes au courant de son existence croiront que ces meurtres sont son œuvre, qu’il est de retour et les gens commenceront à nouveau à avoir peur. Il ne lui en faut pas plus pour revenir au sommet de sa forme.
Bref, Jason est à présent en ville et il est malheureusement temps de faire la connaissance des personnages. Lori (sans aucune doute une référence à Lori Myers de Halloween) la blondasse, la torturée qui a perdu sa maman et dont le premier amour a disparu alors qu’ils avaient quatorze ans, c’est celle qui souffre, qui a des seins énormes et une bouche de suceuse mais qui a un peu de mal avec les garçons parce qu’elle n’arrive pas à tirer une croix sur son ancien amant, Kia la noire branchée de service campée par Kelly Rowland, la moins pénible des trois Destiny’s Child parce que dans ce film elle dit souvent "fuck", et enfin Gibb la baisouilleuse du groupe, celle qui fume, qui boit, qui sexe et qui don’t give a fuck. Elles sont toutes trois chez Lori et disent beaucoup de merde en attendant l’arrivée du petit ami de Gibb. Ca sonne à la porte, Gibb jette sa cigarette à l’extérieur qui va rebondir au ralenti de manière super cool contre le masque de Jason qui attend comme un con dehors sous la pluie et va ouvrir la porte à son petit copain, accompagné d’un autre gars. En effet, Kia a organisé les choses de façon à ce que Lori sorte avec l’autre gars, un connard qui parle de Feng Shui à tort et à travers, au dépends de celle-ci qui le prend évidemment très mal.
Au bout d’un moment, Gibb et son copain insupportable montent à l’étage pour sexer sans être mariés. Une fois le pêché consommé, Gibb va sous la douche laissant son amant insupportable seul. Le temps qu’il se retourne pour saisir une canette de bière posée sur la table de nuit, Jason est entré dans la chambre, lui enfonce sa machette dans le dos à plusieurs reprises avec une violence merveilleuse, traversant le matelas et le sommier, replie le lit sur lui-même, brisant le jeune homme en deux, le laisse dans cette position ridicule et s’en va. Gibb sors de la douche, tombe sur ce que son copain est devenu, hurle, court sous la pluie avec ses amis et tout le monde se retrouve au commissariat. Ce meurtre était cool. Lori a entendu l’adjoint du sheriff prononcer le nom de Freddy Krueger et l’a vu se faire prier de fermer sa gueule devant tout le monde. Choquée et épuisée, elle s’endort dans la salle d’interrogatoire en pensant à ce nom et ouvre les yeux pour se trouver subitement seule, hop, tralala, séquence cauchemar. C’est à ce moment qu’on se dit que le film souffre d’un mal cruel. Autant le peu d’apparitions de Jason qu’il y a eu jusqu’à présent sont parfaitement réussies et brutales, autant l’élément horrifique du cauchemar que le personnage ne peut contrôler est raté. L’aspect systématiquement weird du rêve, les petits détails effrayants qu’il contient, sa confusion systématique avec la réalité par le rêveur qui ne s’est même pas rendu compte qu’il s’est endormi, sa façon de jouer avec le spectateur et le petit thème au piano qui accompagne l’arrivée de l’étrangeté qu’est Freddy, que Wes Craven avait réussit à retranscrire de manière rigolote, aussi bien dans l’orignal que dans la majorité des suites (sauf pour Freddy 2, qui est une énorme daube) sont ici sacrifiés au profit d’une image plate, d’une musique de suspense qui ne parvient pas à remplacer le petit piano que tout le monde connaît, d’un côté bouffon lourd et inoffensif de Freddy et d’une utilisation des images de synthèse pour les mutilations corporelles. Ainsi les séquence de cauchemars, qui ne sont pas toujours ruinées par des effets spéciaux inefficaces mais aussi par leur manque d’intérêt et leur échec à faire peur ou à mettre mal à l’aise sont le gros handicap du film. Mais peu importe, Freddy est toujours campé par l’essentiel Robert Englund et ça c’est trop grave cool sa maman. Pendant ce temps là, l’autre gars qui parlait de Feng Shui la veille échappe à une mort certaine aux griffes de Freddy, qui n’est pas encore assez puissant pour faire mal à quelqu’un, mais à peine réveillé et rassuré va se voir réduit en purée rouge par Jason qui reste efficace sur toute la ligne.
Après ce cauchemar, Lori retourne au lycée et va raconter à tout le monde qu’elle a rêvé de ce type horriblement brûlé avec un chapeau marron et un gant dont les doigts se terminent en lames de couteau et va retomber sur Will, son ex-petit ami mystérieusement disparu qui s’est enfui de l’asile où il était interné après avoir vu aux infos qu’un meurtre avait eu lieu chez elle. Il est accompagné dans sa fuite par Mark, un petit blond trapu d’une laideur exceptionnelle aux trous de nez bien trop larges et hypnotisant dont le frère a été poussé au suicide par Freddy dans le passé. Tous deux faisaient partie de ces gamins qui rêvaient de Freddy et qu’on a isolé dans cet asile sans dire quoi que ce soit à personne et qu’on a drogué pour les empêcher de rêver. Will a à peine le temps de dire à Lori qu’elle lui a manqué que Mark et lui sont obligés de s’enfuir à nouveau devant l’arrivée d’agents de sécurité. On retiendra surtout d’eux qu’il s’agit de très mauvais acteurs. Vraiment immondes. Lori quant à elle est tombée dans les pommes d’émotion. On la retrouve inconsciente à l’infirmerie et on se dit qu’elle va avoir à nouveau affaire à Freddy. Mais non, c’est Kia, qui est restée dans la salle d’attente à feuilleter des magazines de chirurgie esthétique qui va y avoir droit.
En attendant, une fête dans un champ de maïs est organisée par un mauvais sosie du Jay de Jay and Silent Bob, qui passe lui aussi son temps à fumer des joints, et par un autre très mauvais sosie de Jack Black. Qui dit grosse fête, dit rassemblement de jeunes, dit alcool, dit morts violentes. Et on ne sera pas déçus. Tout le monde s’y retrouve la nuit tombée et au lieu de souffrir un Teenage Rock bien boueux à la American Pie qu’on était en droit d’appréhender, on se tape une techno tellement basique qu’elle ne suscitera même pas la plus petite des moqueries. Gibb décide de noyer son chagrin dans l’alcool et s’éloigne un peu du cercle de la fête. Entre deux épis de maïs géants elle croise le cadavre de son petit ami qui lui dit de ramener son cul. On devine qu’elle s’est endormie à un moment ou un autre. Elle arrive devant un vieux silo à grain et se retrouve bien vite confrontée à Freddy. Elle lui échappe mollement, se cache quelque part, attend, la tension est au raz des pâquerettes quand Freddy ouvre la porte du casier où elle se terrait et s’apprête à la hacher menu quand sa cage thoracique lui explose au visage. Freddy est déconcerté et comprend que Jason vient de se la faire avant lui. Effectivement, on la retrouve allongée par terre, un horrible sosie de Billy Idol allongé sur elle qui s’apprêtait sans doute à la violer et Jason au dessus d’eux, qui vient des les empaler l’un et l’autre avec un énorme tuyau qu’il soulève dans les airs et secoue pour se débarrasser du punk blond qui était resté accroché au bout et qui se voit projeté bien trop haut dans les airs. Encore un meurtre super cool. Jason arrive ensuite dans le dos du sosie de Jack Black et d’un de ses potes, qui sont en train de fumer de l’herbe et boire de l’alcool fort en toussant, le sous-Jack Black précisant d’ailleurs avec une grimace ridicule et une voix enrouée que « this everclear is kicking my ass ! ».
C’est là qu’on se rend compte que Jason est vraiment très grand.
Et pour cause, exit le fabuleux, le mirobolant, le fantastiquement culte Kane Hodder, qui a la caractéristique de donner une tête atrocement large trop près de ses épaules à Jason, qui a un regard anormalement flamboyant et intelligent pour un type et sa carrure et qui s’occupe d’associations pour gosses défavorisés quand il n’endosse pas son rôle de prédilection (auquel il est fidèle depuis de nombreux films). Cette fois-ci, c’est un certain Ken Kirzinger qui s’y colle, un cascadeur Canadien d’un mètre quatre-vingt seize à qui on a collé des chaussures à talons. Nettement plus grand que Hodder et correspondant mieux que ce dernier au désir de Ronny Yu de faire de Jason un être inhumainement grand et imposant, Kirzinger fait tout particulièrement effet dans cette scène. Les deux mecs se retournent, et comme toujours, se moquent de lui, ne comprenant pas à qui ils ont à faire. Le sous-Jack Black lui conseille calmement d’aller enculer un cochon et son pote fait l’erreur d’entrer en contact physique avec Jason qui lui retourne subitement la tête à cent quatre-vingt degré (malheureusement, le visage de l’acteur est incrusté en synthèse sur un mannequin, ça se voit et ça gâche tout le côté roots de ce meurtre. Pour la violence physique, n’utilisez rien d’autre que des putains de prothèses c’est tout ce qu’il y a de plus efficace. Les images de synthèse, c’est bon pour les autres trucs, sauf Star Wars). Mort de panique, le sous-Jack Black asperge Jason du contenu de sa carafe d’alcool, l’immole et hurle un génial « burn, motherfucker ! » avant de partir en courant, suivit de près par Jason intégralement en feu, qui tient toujours sa machette (elle aussi en feu). Cette scène est fabuleuse et en écrivant ça, j’écoute Warriors of The World United de Manowar pour mettre dans l’ambiance.
Le feu se propage dans le champ de maïs et le sous-Jack Black finit par débouler au milieu des danseurs, au ralenti, la bouche déformée par le sourire de quelqu’un qui a de la flotte dans la bouche, qui s’apprête à la cracher mais qui a du mal à ne pas avoir envie de se marrer et finit par recevoir la machette enflammée de plein fouet entre les omoplates, la lame ressortant par son thorax (et toujours en feu). C’est la panique, la plupart des jeunes s’enfuient, d’autres se font hacher un à un par Jason (toujours en mode Unhuman Badass Torch) qui les trucide, les fend et les culbute sans aucune émotion ni insistance sur les victimes qui pissent le sang, tombent au sol et hurlent hors champ. C’est d’un jouissif indescriptible et on se dit que Ronny Yu a tout compris au personnage de Jason, et que la MPAA*, comme d’habitude, fait chier. Ce film aurait été bien plus cool si plus de massacres brutaux et aussi efficaces que celui-ci avaient eu lieu à la place de scènes explicatives ridicules servies par de très mauvais acteurs, de très mauvais dialogues. Mais peu importe, cette scène était très badass, basique et amusante on aurait tort de ne pas le reconnaître. Lori et Kia, dans leur panique, tombent sur le cadavre de Gibb, hurlent cinq secondes et repartent en courant se réfugier dans le van de Will en compagnie du vilain sosie de Jay de Jay and Silent Bob et d’un certain Linderman, le nerd juif du groupe, qui a de vilains airs de John Cusack qu’on aurait avorté à l’envers. Va savoir ce qu’ils font là, après tout il faut bien remplacer les morts d’une manière ou d’une autre. Will les dépose respectivement chez eux et se retrouve seul dans son van avec Lori. Une pluie pas naturelle et anormalement torrentielle (et très probablement assumée en tant que telle) commence à tomber. C’est le signe que tout devient très solennel. Will avoue effectivement que s’il a été interné à quatorze ans dans cet asile, c’est de la faute du père de Lori qu’il a surpris un soir en train d’assassiner sa femme (on a d’ailleurs droit à un flashback de la scène où Will a l’air de tout sauf d’un gamin de quatorze ans) et qui s’est démerdé pour que cette histoire ne s’ébruite pas. Le père de Lori arrive près du van, sors les deux adolescents de l’habitacle et se montre très autoritaire. Will parvient à s’enfuir tandis que Lori se précipite chez elle et exige des explications de la part de son père : « maman est-elle morte dans un accident de voiture comme tu me le dit depuis toutes ces années ? » « bien sûr que oui ma chérie, allez prend les petites pillules roses… » « Aaargh, papa ! Aaaargh ! » « Non Lori, revient ! Aaargh ! » et elle s’enfuit par la fenêtre dans la rue. Will la récupère à l’angle et ils décident d’aller rejoindre Mark, le nain moche et inutile aux narines anormalement expressives.
Mark est chez lui et on devine grâce à son regard buté, à l’insistance avec laquelle il contemple une photo de famille sans intérêt et à ses « ah, si seulement tu ne t’étais pas suicidé » qu’il a mal vécu la mort de son frère, joué par Zach Ward (Titus !) et qu’il en veut à Freddy. Il n’a pas le temps de s’apitoyer sur son sort qu’un bruit bizarre retentit dans la salle de bain. Même si c’est évident pour tout le monde que Mark est endormi à son bureau, ça ne l’empêche pas de se passer une main sur ses yeux, de soupirer et de pousser un « il faut rester éveillé à tout prix… » qui dans les précédents Freddy avait un côté poignant, les personnages étant toujours terriblement rongés par le malheur et la fatigue, mais dans le cas présent dénote juste un très mauvais jeu d’acteur. Puis le prévisible vient s’ajouter au manque de tension quand le frère de Mark sors la tête d’une eau de baignoire rouge et commence à lui parler. Il prend la voix de Freddy et nous ressort encore et toujours cette rengaine ennuyeuse « vous avez intérêt à vous souvenir de moi sinon, sinon quoi, exactement ! » et se plaint de Jason, qui n’aurait du servir qu’à un ou deux meurtres mais qui semble emporté par son zèle légendaire et qui devrait penser à s’arrêter maintenant, alors que non. Will et Lori arrivent devant chez lui et vont assister, impuissants, à son agonie. Pendant ce temps, Freddy propose à Mark de délivrer un message aux autres de sa part. Badass con et buté, Mark refuse et Freddy doit bien évidemment délivrer le message lui-même de manière pas originale : il fout le feu eu dos de Mark. Lori et Will le voient brûler et Mark arrive devant eux, de l’autre côté de la fenêtre, les prie de l’aider et trois vilaines coupures (toujours modélisés en images de synthèses tellement peu convaincantes qu’on se surprendra même à froncer des sourcils) lui barrent soudainement le visage. Puis il tombe une dernière fois avec un « Freddy’s Back » en peau brûlée dans le dos, qui nous fait sourire uniquement parce qu’on se souvient des jeux de mots de Freddy dans les séquelles précédentes qui n’étaient pas spécialement plus recherchés, mais bien moins lourdauds que celui-ci. Will et Lori repartent, après tout Mark est mort et ne peut plus rien leur apporter sur le plan émotionnel.
De retour au commissariat, le shérif (qui fait partie des adultes conspirateurs, ne l’oublions pas) contemple les photos du carnage de la rave-party et les cache de la manière la moins habile possible en les faisant glisser du plat de la main dans le premier tiroir de son bureau quand un jeune flic entre sans frapper. On retrouve ensuite Will, Lori, Kia, Linderman le nerd juif et le Jay de Jay and Silent Bob, toujours un joint au bec, dans le garage de ce dernier, vite rejoints par le jeune flic qui en a marre qu’on le prenne pour un con au boulot pour la séquence de dialogue la plus horripilante du film. Indescriptible tant c’est mauvais. Même si je retranscrivais mot pour mot certains passages, avec des légendes pour vous suggérer le jeu d’acteur, ça ne passerai pas. Mais je vais le faire quand même.
Jeune Flic (après avoir raconté l’histoire Jason en étirant ses sourcils à la Bruce Payne) : I Think we’re dealing with a Copycat here.
Linderman, le nerd juif (dramatiquement sincere) : No. No, no, I’ve seen what he can do, he’s not a copycat.
Comme si l’avoir vu en action écartait tout simplement la possibilité qu’il s’agisse d’un faux-Jason.
Lori (seins énormes, elle aussi bien trop sincere pour une telle connerie) : Wait a minute, Freddy died by Fire, Jason by water, how can we use that ?
La première fois que j’ai vu ce passage, j’ai tellement ri que j’ai cru que j’allais exploser.
Lori (après avoir brièvement rêvé de Freddy, lui avoir arraché l’oreille, avoir gardé l’oreille dans sa main après son réveil et l’avoir lâchée par terre) : I pulled that out of my dream…
Jeune flic : How is this possible ?
Jay (pire jeu d’acteur de tout le film. Sincèrement.) : Anything is possible ! ... God ! You just don’t get it !
Même maintenant, après avoir vu et revu le film, j’ai un mal fou à supporter ce passage, pourtant très court. Après un brainstorming hallucinant, nos amis décident de retourner à l’asile d’où venaient Will et Mark afin de procurer de l’Hypnocil, cette drogue qui les empêcherait de rêver pendant leur sommeil, seul moyen concret d’échapper à Freddy. Ils y arrivent et y entrent en douce, ne sachant pas que Jason les a suivi de manière inexpliquée et pas logique du tout. Le faux Jay de Jay and silent Bob allume de nouveau un joint tandis que les autres se séparent en quête des petites pilules bleues. Pendant ce temps là, l’unique gardien de nuit, un formidable sosie un peu empâté de Rob Halford, avance doucement vers la porte de service qui est violemment martelée de coups de poings, son pistolet en joue et les sourcils contractés d’une manière indescriptiblement hilarante. Je me suis repassé ce passage en boucle tant sa gueule de Metal God craintif mais résigné me fascinait. Bref, comme prévu il se fait brutalement écraser par la porte que Jason défonce. Au même moment, le faux Jay de Jay and Silent Bob savoure son spliff en toussotant de manière trop peu crédible tandis qu’un riff discret de Surf Rock se fait entendre : RÊVE ! Une vilaine chenille en image de synthèses apparaît devant lui avec un narguilé à portée de mains, une référence pas voilée du tout à Alice au Pays des Merveilles. Le faux Jay trouve ça bien trop cool et suit la chenille qui s’éloigne, arrivant dans la salle où l’Hypnocil est rangé. La chenille (qui n’est autre que Freddy, on l’aura dorénavant saisi) lui tombe dessus et pénètre dans sa bouche : POSSESSION ! Le Jay possédé vide tous les flacons d’Hypnocil dans le lavabo et remplit deux énormes seringues de tranquillisant. Linderman le nerd juif et le jeune flic arrivent dans la salle de contrôle et tentent d’arrêter le faux-Jay, mais ils sont très vite rejoints par Jason qui donne un gros coup de machette dans un panneau de contrôle ce qui a pour conséquence principale une scène d’électrocution gratuite où Jason va saisir le jeune flic à pleines mains pour plus de convivialité. Linderman hurle et s’enfuit. Le faux-Jay Freddysé s’éclipse et Jason jette son dévolu sur Will, Kia et Lori qu’il va harceler en avançant derrière eux pour les faire courir. Arrivés dans un couloir, le faux-Jay leur dit avec la voix de Freddy de se casser et enfonce ses deux énormes seringues chargées de tranquillisant dans le cou de Jason, qui a à peine le temps de déchirer le jeune homme en deux avant de sombrer dans le sommeil profond du juste. C’est là que les choses sérieuses commencent.
Une séquence de rêve entre Freddy et Jason, il fallait oser. Et ils l’ont fait. C’est d’ailleurs à partir de là qu’on se dit qu’il leur arrive d’utiliser leur budget grassouillet à bon escient : la brutalité du combat est dynamique, peut-être un peu trop exagérée par moment mais dans l’ensemble efficace. Jason se fait mutiler, empaler, écraser, soulever dans les airs et servira de boule de flipper entre les tuyaux de la chaufferie (car oui, ce combat se déroule dans la légendaire chaufferie du sous-sol de la maison de Freddy, avec son filtre rouge et sa buée intemporelle). A un moment du combat, Freddy comprend que Jason a peur de l’eau et utilisera cette faiblesse pour le seul moment du film où il redeviendra aussi cruel et odieux que dans les précédents opus, à défaut du bouffon conspirateur lourd qu’on subit plus qu’autre chose depuis le début de ce film. Sous l’effet de l’eau, Jason retombe en enfance : un gamin hydrocéphale et chauve, dans la position fœtale, en train de gémir misérablement et le vieux masque de hockey tout usé toujours sur le visage. Freddy se penche sur lui, l’humilie de façon intolérable et lui fait revivre ce jour de 1957 où il s’est noyé. Pendant ce temps-là, le corps de Jason en saucissonné à l’arrière du van qui roule en direction de Crystal Lake. Linderman renouvelle régulièrement la dose de sédatif de Jason et tout le monde prie pour qu’il défonce Freddy dans son sommeil. Voyant que ça n’arrive pas, Lori décide de prendre du sédatif elle aussi, de rejoindre Jason dans son rêve et de ramener Freddy dans le monde réel quand elle se réveillera. Elle se retrouve donc au bord du lac de cristal et assiste à la scène : des gamins hystériques poursuivent Jason, l’humilient et le frappent tandis que les monos sexent ou regardent ailleurs. Finalement, Jason est jeté à l’eau par ses camarades de jeu morts de rire et Lori essaye de faire de son mieux pour l’en sortir. C’était sans compter Freddy qui fait du zèle pour faire garder la tête sous l’eau au petit Jason. Dans le van, Jason commence à vomir de l’eau à travers son masque. Linderman, en bon nerd juif perpétuellement rejeté par les autres, fait de l’asthme et c’est donc Kia qui doit se dévouer pour faire du bouche-à-bouche au grand gaillard inconscient. Au moment crucial, Jason se réveille, se redresse brusquement, causant une perte du contrôle du véhicule par Will, des tonneaux mémorables et il se voit éjecté du van dans la nuit profonde. L’accident ayant eu lieu pratiquement devant le camp Crystal Lake, ils vont se réfugier dans un des chalets abandonnés. Pendant ce temps, Lori continue son rêve.
On la vu plus tôt, les cauchemars sont particulièrement mal rendus dans ce film. Et c’est pas avec un ralenti saccadé tout vaseux ou des filtres colorés que Ronny Yu va arranger les choses. Même quand les personnages sont relativement statiques, leurs mouvements sont saccadés, leurs paroles ont des échos pénibles et on n’ira pas mettre ça sur la note d’une volonté de faire du kitsch assumé. Comme les blessures et le sang en images de synthèses, il ne s’agit que de mauvais goût. Bref, à la fin du rêve, où elle apprend tout de même que c’est Freddy qui a tué sa maman, Lori parvient à se réveiller à le ramener avec elle dans le monde concret. Mais voilà, le contexte dans lequel elle se réveille laisse à désirer : la cabane est en feu, Linderman et Kia se sont déjà bien fait secouer (Linderman a d’ailleurs poignardé Jason à plusieurs reprises avec un porte drapeau américain überpatriotique… sans doute une façon comme un autre pour Yu de remplir le quota d’allusions vaseuses à la relation intime entre Israël et les Etats-Unis) et Jason est super pissed-off. Freddy a l’air choqué, un riff de trash retentit, le feu grésille et la baston entre les deux titans, l’élément pilier de ce film, commence.
Comme pour les autres séquences du film, la subtilité n’est pas de mise et il faut le voir pour le croire. Ils ne se refusent rien, Freddy est projeté dans les airs, Jason est poignardé à des endroits pas possibles, encaisse, encaisse et encaisse encore, les coups fusent, le sang gicle, les coups retentissent, les riffs, bien que très en retrait, parviennent tout de même à pleuvoir… C’est du grand spectacle comme on attendait, très dynamique. Linderman, grièvement blessé, se laisse mourir adossé à un arbre. Kia, épuisée et bien saoulée attire l’attention de Freddy, qui a réussi à échapper à celle de Jason pour quelques instants de répit, et essaye de se la jouer badass dans une scène d’anthologie : « holàlà, quel genre de vieux pédé se ballade avec un pull de noël de toute façon… Et puis regarde moi ça ces vieux couteaux à beurre, c’est nul… T’essayerais pas de compenser pour la taille de ta bite ? Parce que je veux dire, t’es là avec tes petites griffes ridicules alors que Jason a ce gros machin… » Freddy, qui subit quand même pas mal, a un petit sourire malicieux, pointe de la griffe un point indéterminé derrière Kia, qui se retourne et se fait éjecter avec une violence ahurissante sur le côté par un coup de machette de Jason. Un des moments les plus brutaux et cool du film. C’est à ce moment que la baston gonfle encore plus en violence, en disproportion et malheureusement en lourdeur, le métal de porc étant bien vite remplacé par la musique normale du film qui tombe à plat. Bon Dieu, ils nous auraient même collé n’importe quoi de Nuclear Assault que ça aurait été préférable au sous-John Williams sous prozac qui s’est occupé du reste de la B.O. Bref, ils continuent à se battre et nous on commence à en avoir marre. C’était rigolo au début, très rigolo même, incroyablement excitant. Mais là ça tombe à plat de manière affolante. Les coups sont de plus en plus mous, le ralenti n’aide pas. Les explosions sont molles, les effusions de sang paresseuses, les moues de Freddy pitoyables. On n’en voit plus la fin. Finalement une gigantesque explosion les envoie bouler dans l’eau. Freddy, avec un bras en moins, en ressort et s’apprête à détruire Will et Lori, qui entre nous nous l’ont franchement mérité, et se fait transpercer par son bras manquant (celui avec la griffe) par un Jason qui retombe aussitôt à l’eau, vraiment très fatigué. Lori ramasse la machette de Jason et décapite Freddy qui retombe définitivement à l’eau. Yeah, on ne voit enfin plus sa sale gueule à cette conne.
La cabane de Jason, paumée au milieu d’un coin oubliée du Lac, est entourée par de l’eau et de la brume. Jason sors de l’eau, lui qui s’en est tout de même pris plein la gueule de manière pas racontable depuis la dernière demi-heure du film, avec sa machette dans une main et la tête tranchée de Freddy dans l’autre. Quand la tête arrive à notre niveau, elle nous fait un clin d’œil, le rire de Freddy retentit en sourdine ainsi que le petit air au piano.
Pour conclure… Difficile de donner un avis tranché sur la question. D’une part le personnage de Jason est parfaitement exploité, efficace, cool et jouissif comme jamais, implanté dans le film par un réalisateur qui a tout compris au personnage et qui peut se vanter d’avoir filmé parmi les meurtres les plus barbares et rigolos du bonhomme. D’autre part un Freddy qui n’est que la caricature faiblarde de lui-même, tout juste bon pour quelques punchlines et quelques effets rigolos dans l’ensemble négligeables. Si on est loin du massacre complet qu’était Freddy 2, le tout reste dommage : les cauchemars mous, prévisible et inesthétiques au possible sont un échec et jurent avec la crudité parfaite des meurtres de Jason. Freddy ne fait pas peur du tout. Vous me direz, c’est un personnage marrant, tout ça, d’accord. Mais c’est aussi un personnage de film d’horreur, contrairement à Jason qui est limite un personnage de comédie au final. Jason n’a jamais fait peur. Il a fait sursauter à la rigueur, mais il y a longtemps. Freddy, lui, a fait peur, ou en tout cas a impressionné. Là, non. Beaucoup de dialogues lourds, servis par des acteurs exceptionnellement mauvais qu’on espère sincèrement ne jamais revoir, des tentatives d’approfondissement de l’histoire et de ces mêmes personnages qui n’ont aucun intérêt pour cette raison que tous ces gens jouent comme des merdes et ont des gueules insupportables. Des effets gore qui tombent pour la quasi-totalité à plat en raison de l’utilisation des images de synthèse pour la majorité des jets de sang et pour pratiquement toutes les amputations et autres mutilations essentielles, les seules ne tombant pas à plat étant les plus roots à base de faux sang en capsules et de prothèses en latex (malheureusement trop rares). Une baston finale qui amuse dans ses premières minutes mais qui tourne vite court car trop longue et trop lourde. C’est un film à voir, bien évidemment, mais auquel il ne fallait finalement pas grand-chose pour être vraiment plaisant sur toute la ligne et pour se permettre d’avoir le Pouvoir de la Bite au-delà de quelques scènes de bourrinage Jasoniennes éparpillées de-ci de-là.
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